Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Phantom Boy


France / 2015

14.10.2015
 



GHOST ÂME





«- Vous allez me tuer ?
- Si je vous le dis, où est la surprise ?
»

Il y a de quoi être épaté du début à la fin. Au-delà de l’hommage à Stan Lee et aux comics américains – le Gotham des années 50, le Jocker de Batman, une intrigue à la Dick Tracy… - le film d’animation d’Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli maîtrise son récit à la perfection, en reprenant tous les codes du genres tout en insufflant la touche d’émotion nécessaire pour le transfigurer.

Un bon inspecteur qui n’a pas de chance (Edouard Baer, seul bémol vocal du groupe), une journaliste trop intrépide (Audrey Tautou, idoine pour le rôle), un maire dépassé par les événements, un chef de la police colérique et incompétent, un méchant défiguré avec une gueule à la Picasso (Jean-Pierre Marielle, fabuleux), un roquet qui a tout du requin avec ses pulsions de piranhas, … la troupe autour de Leo, aka Phantom Boy, un jeune garçon entre la vie et la mort, coincé dans un hôpital, et capable de se dédoubler en fantôme dès qu’il est immobile et ferme ses yeux (les médocs ont des pouvoirs inimaginables), serait parfaitement pittoresque si l’histoire n’était pas aussi dramatique.

Il y a ce qu’il faut pour nous captiver : un air de polar façon film noir, du suspens et de l’action (la violence est plutôt farce), de l’émotion comme dans un mélo. Et même une pincée d’humour parcimonieusement éparpillée. Mais Phantom Boy ne s’arrête pas à sa narration ou à ses plans à l’ancienne. Le dessin est stylé, et même assez singulier avec ses couleurs loin d’être flashys ou pastels, tendances actuelles de l’animation. Ce qui se dégage de cet éloge du rêve et même d’une certaine schizophrénie c’est une poésie inattendue. L’illustration de l’inconscient, qui permet d’oublier la matière et le rationnel, produit une allégorie qui fait écho à ses lectures que l’on fait aux enfants avant qu’ils ne s’endorment : on s’imagine héros, chevalier, prince… ou fantôme sauvant le monde. Pour répondre à la souffrance de cet enfant, enfermé, malade, à la manière d’un gamin spielbergien qui cherche une aventure pour le libérer de sa douleur, Phantom Boy imagine le placebo idéal : le dédoublement de la personnalité, la force du mental, le rêve comme ressource et outil de survie. Phantom Boy a tout de l’ange (gardien).

Pas étonnant que l’on s’attache tant à lui. Grand frère modèle, fils courageux, garçon préférant les shérifs aux bandits, ce garçon fantôme incarne l’insouciance plus que l’innocence de son âge. Au point de mettre sa vie en danger, aussi bien dans la réalité (sa maladie) que dans ses rêves (l’intrigue policière). Après moult rebondissements, courses-poursuites et tensions palpables, le divertissement se mue progressivement en drame crucial et poignant, accompagné par une musique inspirée et habile dans ses variations. Il est impossible de résister lorsque nous comprenons que le temps de l’insouciance est terminé, quand le rêve se désagrège au milieu des étoiles. Car si tous les murs peuvent être traversés, un seul fait obstacle : la réalité.

Phantom Boy en dit beaucoup sur la nécessité de se transcender lorsqu’on ferme les yeux, à travers nos rêves et nos songes, notamment pour affronter, dépasser un réel souvent injuste et invivable. Mais, surtout, le film a ceci de touchant qu’il oblige à réfléchir sur une part de sacrifice à supporter pour mieux grandir… Quitte à faire mourir une part de soi… Entre rires et larmes, ce nouvel héros, vous l’aurez compris, pourra plaire aux petits comme aux grands, à ceux qui ont une âme d’enfant, fantôme que l’on trimballe en soi jusqu’à notre évaporation dans les airs…
 
vincy

 
 
 
 

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