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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Paranoia Park
France / 2015
28.10.2015
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LE CHAT ET LA SOURIS
"Je suis là pour ça, pour te libérer."
Réalisé avec très peu de moyens (Bruno Mercier a fait appel au financement participatif pour finaliser le projet) et tourné en une seule journée, Paranoia Park se distingue formellement des polars léchés que l’on voit d’ordinaire au cinéma. Moins maîtrisé, plus approximatif, parfois même maladroit, il assume ses conditions de réalisation et se concentre sur ce qui fait sa singularité, un récit anxiogène et terrible qui nous plonge en temps réel dans une heure de la vie d’une femme sous pression.
Durant toute la partie perverse qui oppose le psychopathe à sa victime, la tension est palpable, et le spectateur est partagé entre effroi et plaisir coupable de cinéphile ravi d’être aussi malmené par un scénario retors. Impossible de nier la force qui se dégage de cette course contre la montre dans un parc des Buttes-Chaumont transformé en enfer sournois. Le réalisateur s’amuse d’ailleurs avec les lieux bien connus du parc, ainsi qu’avec les fausses échappatoires offertes à sa malheureuse héroïne. Comme un chat cruel, il laisse sans cesse espérer qu’une issue s’offre à elle, avant de la contraindre à une horreur croissante.
Hélas, les échanges entre les deux personnages ne fonctionnent pas et les monologues délirants du ravisseur, trop bavards, ont plutôt tendance à alourdir le récit qu’à le pimenter. Par exemple, pourquoi forcer le trait en multipliant les allusions sexuelles et grivoises qui tiennent plus d’une misogynie latente que d’un véritable ressort de cinéma ? Donneur de leçons et sujet à des sautes d’humeur peu intéressantes, le personnage masculin finit ainsi par sombrer dans la caricature.
Par ailleurs, le réalisateur s’empêtre dans des fins successives qui commencent sur un ton glaçant et culotté pour s’achever sur une note convenue plus lourdingue. A force, ces multiples fioritures et maladresses finissent par affaiblir la force dramatique indéniable du projet. On serait aux Etats-Unis, un grand studio rachèterait les droits du film pour en faire un remake plus cher et peut-être plus abouti. Car clairement, c’est par son manque de moyens et par sa production minimaliste que pêche le film. On se prend alors à rêver de ce que Bruno Mercier pourrait faire avec un budget digne de ce nom.
MpM
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