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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Lolo
France / 2015
28.10.2015
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LA CONNE DE PARISIENNE, LE BEAUF DE BIARRITZ ET LE FILS EN SLIP
« Plus ils sont cons, mieux ils baisent ».
Fantaisiste, hystérique, névrotique, tendre : le cinéma de Julie Delpy est un mélange plus ou moins harmonieux de tous ces qualificatifs. Lolo ne fait pas exception. Mais la folie pure, pour ne pas dire déjantée que l’on avait adoré dans Two Days in New York, farce familiale loufoque qui devait beaucoup à Chris Rock, est beaucoup plus lisse et convenue avec cette comédie familiale, malgré la présence de Dany Boon.
Cependant, reconnaissons à l’actrice-réalisatrice-scénariste qu’elle a le sens du comique, du délire, et une écriture plus fine qu’il ne pourrait y paraître à la vue des nombreux stéréotypes de son film. Elle a aussi le sens du casting. Karin Viard en grande sœur assumant sa quarantaine et obsédée par le cul livre quelques unes des meilleures répliques. Car les dialogues sont vifs, parfois crus, souvent francs. Elle égratigne à merveille nos obsessions du moment (le thon c’est plein de mercure mais ce n’est que du bon gras), les contradictions féminines (mère, femme, boulot, …) et une société devenue de plus en plus égocentrique et de moins en moins apte au compromis. En s’offrant un rôle à la Woody Allen, hypocondrie comprise, Delpy se lance à toute allure sur les rails de son histoire, prête à décrocher et nous envoyer dans le décor. Malheureusement, elle n’ose pas. Elle se freine assez rapidement et préfère une mécanique bien huilée, avec les rebondissements attendus et les dilemmes prévisibles, qui empêchent le délire de s’épanouir.
Mais ne boudons pas le plaisir d’une comédie française pour une fois bien écrite et bien jouée. Cette histoire d’amour entre deux êtres que tout oppose (happy ending compris), et surtout leur manière de s’habiller (pensez que Boon met des chaussettes dans ses sandales, de quoi faire louper une couvée de singes). Ils n’ont en commun que leur vision romantique, monogame et fidèle du couple. Mais il faut un grain de sable. Et ce sera le fils du personnage de Julie Delpy, maman possessive et angoissée. Car l’élément brillant de Lolo, c’est bien ce Lolo. Il est au centre du film et révèle les faiblesses de chacun (y compris le « féminisme » de sa mère, mis à mal par son côté fleur bleue). Vincent Lacoste, slip force verte, rouge ou bleue, est un psychopathe qui s’ignore et qui ne va pas cesser de foutre le bordel dans cette romance, avec des moyens parfois peu catholiques et même extravagants. On comprend que Delpy balance qu’être mère ça peut être très chiant. En insufflant un peu de modernité et d’irrévérence dans la comédie française, la réalisatrice fait du bien et montre qu’on peut être délicieusement vulgaire sans être outrageusement grossier.
C’est donc regrettable que Lolo glisse progressivement vers un objet plus traditionnel, à la manière des comédies américaines. Ce qui était décalé, parfois azimuté, trouve ses limites au moment où l’on comprend la noirceur du personnage de Lacoste. Pour maintenir l’attention, Julie Delpy a du utiliser quelques subterfuges qui l’obligent à ne rien révéler avant le dernier quart d’heure. Mais, à l’inverse, durant une heure on ne comprend pas pourquoi Lolo agit ainsi et on s’interroge, après coup, pourquoi elle n’a pas renforcé la schizophrénie du fils d’un point de vue cinématographique. Le fils préféré apparaît trop soudainement le fils maudit sans trop de nuances. Car Lolo semble toujours calculateur mais sympathique. Et Jean-René (Boon) semble toujours trop candide pour se muer en revanchard impulsif. Il manque là un peu de subtilité, pas facilité.
Avouons-le, on rigole, on sourit. Il y a des répliques anthologiques, des scènes barrées comme on les aime et tous les acteurs excellent dans leur rôles. Cet oedipe mal géré a ses défauts. Il n’empêche que souvent Lolo est très LOL.
vincy
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