Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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En mai fais ce qu'il te plaît


France / 2015

04.11.2015
 



JOUE-LA COMME CARION





"Et si on prenait le bateau pour aller au Canada ? Y a jamais la guerre là-bas."

Après Joyeux Noël et L'Affaire Farewell, Christophe Carion revient avec un quatrième film en forme d'hommage au courage, d'éloge de la bravoure. Dans En mai fais ce qu'il te plaît, le réalisateur de 52 ans nous raconte son histoire, l'histoire de sa famille. Pas étonnant dès lors que le film soit dédié à sa mère et empli d'une bonne humeur et d'une forme de nostalgie contagieuses.

Une affaire d'hommes ?

En mai 1940, lorsque l'armée allemande envahit le Nord, des millions de Français sont contraints de tout quitter pour trouver refuge plus au sud. Suivant le périple de quelques villageois, En mai fais ce qu'il te plaît nous raconte par la même occasion le chemin d'un père opposant au régime nazi qui veut retrouver son fils emmené avec lesdits villageois. Accompagné d'un soldat écossais souhaitant rejoindre sa patrie, ce père se lance dans un long voyage. Et c'est ainsi qu'en l'espace d'une heure et cinquante-quatre minutes, Christophe Carion parvient à faire s'entremêler les histoires de trois hommes. Il y a tout d'abord Paul, le maire du village en question joué par Olivier Gourmet (Le Gamin au vélo), qui se mue en véritable leader politique. Vient en suite Hans, ce réfugié allemand cherchant son fils et incroyablement bien campé par August Diehl (Inglourious Basterds). Enfin, Matthew Rhys (The Americans) donne corps au soldat Percy.

Bien que les trois personnages ne font que se croiser, leurs histoires respectives trouvent une vraie résonance dans la grande Histoire. Très bien écrit, En mai fais ce qu'il te plaît a tout du film intergénérationnel, émouvant et éducatif à la fois. Parce qu'il raconte les aventures de ceux que l'on a tendance à oublier (ces hommes et ces femmes qui ont traversé la France pour se mettre à l'abri), le nouveau film de Christophe Carion est donc de ces pépites qui séduiront le grand public, sans froisser qui que ce soit. Et cela sans doute parce que l'intégralité de sa distribution fait chaud au cœur. D'une Mathilde Seigner plus charismatique que loquace à un Laurent Gerra affreusement touchant, en passant par une Alice Isaaz sublime, En mai fais ce qu'il te plaît cumule les talents. On vous l'accorde, le générique est fait pour une soirée du dimanche sur une grande chaîne de télévision nationale.

Subtilement engagé

Mais ce qui frappe dans ce drame historique, c'est finalement la légèreté des choses. Oui, le film nous montre les conséquences de la guerre et de l'Occupation, mais jamais il ne se lance dans une course au pathos ou au sensationnalisme. Et cela se ressent visuellement. Les effets spéciaux et les scènes chocs sont toujours bien dosés et ne dénotent pas avec le reste. Poétique à souhait, le film de Christophe Carion aura sans doute pour plus gros argument de vente une bande originale signée Ennio Morricone. (Désolés, mais impossible de passer outre ce détail conséquent qui donne au film une partie de son charme !) Parce que les envolées lyriques sont sonores, Christophe Carion livre un film subtil, aérien et noble. Déconstruit mais cohérent. Touchant si on cesse de chercher toujours, au cinéma, la grande oeuvre et si on ne se refuse pas, parfois, quelques plaisirs coupables.

A l'image de la réunion entre le père et le fils (oups, spoiler !), En mai fais ce qu'il te plaît est ponctué d'ironie, de comique et de ce petit hasard qui fait les bonnes rencontres. En d'autres termes, nous ne saurions que trop vous suggérer de vous laisser tenter par ce très beau film politiquement engagé qui fait écho à d'autres cas d'exodes bien actuels. Accompagné de quelques piques so feminist et de répliques cinglantes, il ne fait aucun doute que vous serez happés par ce récit romanesque et bucolique à la fois. Mention spéciale au jeune Joshio Marlon qui incarne Max, un enfant incroyable et remarquable !
 
wyzman

 
 
 
 

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