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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Madame Bovary
USA / 2014
04.11.2015
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LES ÉMOIS D'EMMA
«À ne pas posséder ce qu'on aime, on vit sans amour.»
En 2015, la célèbre œuvre de Flaubert est toujours à l'honneur (elle sera même au programme des lycéens cette année). Voici la énième adaptation (Renoir, Minnelli, Chabrol, mais aussi De Oliveira s'y sont attaqués) pour ce livre reflétant le personnage féminin le plus complexe et intriguant de la littérature française. Mais que vaut le Madame Bovary de la douce Sophie Barthes?
Dès les premières minutes le spectateur est plongé en pleine forêt en compagnie d'une Mia Wasikowska à bout de souffle et souffrante. Les fidèles de Flaubert devinent ce que cela signifie... un avant-goût de la fin, de sa fin, la boucle est bouclée: Madame Bovary annonce sa triste couleur en prélude. De là, on suit sa plongée dans un enfer personnel, intime, peuplé d'hommes, d'achats compulsifs causés par une sorte de bipolarité et à un perpétuel ennui accentué par un mari passif et sans flamme, qui considère le sexe comme un exercice obligatoire. On ne peut pas faire plus actuel: qui osera prétendre que notre soif de consumérisme n'est pas là pour combler un vide existentiel, que notre goût pour l'éphémère et le superficiel ne fait que cacher l'absence de passion et d'intensité dans notre quotidien?
Tout passe par son actrice: Mia Wasikowska. Elle porte le film à bout de bras tout en déversant sa beauté froide et son talent d'interprète. Sa mine boudeuse et ses traits tout droit sortis d'une œuvre de la Renaissance font d'elle une très belle Madame Bovary: une femme en souffrance, incomprise, cernée par les hommes et piégée par des convenances qu'on aurait envie de bazarder à l'écurie!
Sophie Barthes s'attaque à un gros morceau de la littérature (500 pages rien que ça) aussi complexe dans son écriture que dans la psychologie de ses personnages. Elle n'en retient qu'une année. Concentrant, densifiant le récit pour se focaliser sur l'aspect le plus balzacien du personnage. Ce Madame Bovary enchante quand il propose un portrait de la classe moyenne Pour le grand amour impossible, en revanche, il manque un peu de chair, de souffre, de perversion même. Cependant, sa touche féminine et sa délicatesse ont suffi à honorer cette nouvelle version cinématographique, qui à défaut de trouver son rythme par une mise en scène un peu longue, aiguise le désir, même si, parfois il s'essouffle. Mais il fallait de l'audace pour se réattaquer à cette héroïne romantique. Son Emma est plus vive, plus intelligente, plus clairvoyante, plus contrastée aussi.
Dans une reconstitution splendide, cette Madame Bovary, sonne juste. Peut-être un peu trop. Les zones d'ombres sont bien éclairées. Mais il manque peut-être un regard plus personnel et plus atemporel pour que l'héroïne nous emmène avec elle dans sa fin tragique. cynthia
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