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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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The Visit - une rencontre extraterrestre (Ziyaret)
USA / 2015
04.11.2015
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WELCOME
À la différence de Into Eternity, The Visit : une rencontre extraterrestre ne se construit pas sur une réalité tangible – mise en place d’un programme d’enfouissement des déchets nucléaires financé par la Finlande –, mais prend la forme d’une hypothèse maintes fois abordée au cinéma : La rencontre de l’Homme avec une intelligence extraterrestre. Néanmoins, dans ce cadre précis, nous sommes loin du divertissement Hollywoodien puisque Michael Madsen cherche à poser les conditions documentaires capables d’aborder le plus sérieusement du monde les questions qui ne manquent pas d’alimenter un tel scénario. Tout y passe pour anticiper l’accueil de ces visiteurs. Quel comportement à aborder, quelles actions à mener, par qui (gouvernements ou ONU), comment et, le plus important peut être, à partir de quel medium délivrer l’information. The Visit fascine par sa rhétorique d’emboitement visant à anticiper l’inconnu, le possible, le probable, l’attendu.
Au réalisateur, alors, d’imaginer une trame narrative capable de nous proposer une lecture intelligible sur les conditions de ce contact inédit. Pour étayer son propos, le cinéaste s’appuie sur les nombreuses réflexions de spécialistes dans ce domaine, qu’ils soient militaire, sociologue, politique, avocat ou encore ingénieur spatial. Aucun sensationnalisme ne vient entrecouper ce voyage aux confins de notre conscience. Michael Madsen va, au contraire, parsemer sa démonstration d’images de fiction, sorte d’errance flottant au-dessus de paysages urbains ou ruraux indistincts. La caméra s’affranchit de l’esthétisme froid et balisé du documentaire scientifique pour se mettre à la place des « autres ». Ce que nous découvrons ressemble alors à un patchwork au ralenti d’images neutres de lieux remplis d’humains. Est-ce la retranscription visuelle de nos hôtes tétanisés par ce qu’ils découvrent ou bien l’agrégat en technicolor de ce que nous sommes, au cœur de notre monde, de notre temps, de notre spiritualité ? Le flou artistique qui accompagne ces différentes séquences affaibli la fascination autour de ces supputations. Nous sommes alors pendus aux lèvres des spécialistes. Et la part dit « classique » du documentaire prend le dessus.
Néanmoins, par ce montage spécifique – alternance d’interviews d’experts et d’images subjectives composées pour l’occasion –, Michael Madsen dépasse l’aspect factuel, technique ou pragmatique d’une mise en relation pensée au plus haut niveau d’un point de vue protocolaire et communicationnelle. En effet, en créant les conditions d’une évidence (la rencontre), il place l’Homme en face de sa propre condition. Comment, en effet, ne pas être bouleversé devant un tel impact anthropologique qui nous questionne directement sur la place de la civilisation humaine dans l’univers. À travers cette interrogation grandit l’espérance, presque rassurante, de n’être pas les seuls dans le cosmos. Car, au-delà des scénarios proposés en cas de prise de contact, la tragédie serait de croire qu’il n’y a rien ou, pire encore, qu’aucune forme intelligente ne désire entrer en communication avec nous.
Si l’aspect fictionnel du documentaire n’apporte aucune plus-value à la démonstration de Michael Madsen, il nous plonge dans un voyage fantastique aux multiples interrogations.
geffroy
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