Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Le convoyeur


France / 2004

14.04.04
 



LE PLUS BEAU METIER DU MONDE





"- C'est la crise. Même le shit se vend plus"

Voilà un juste retour des choses. En 2004 Boukhrief fonce d'entrée. A l'image de la séquence initiale du Convoyeur. Du brut en pleine poire. Une attaque de fourgon aussi violente qu'inattendue. Mieux vaut s'accrocher. En bon aficionado de films noirs Boukhrief ne boude pas son plaisir. Le petit Nicolas a pris du galon.

Pas de stylisation outrée de la mise en scène ou des personnages. Ses convoyeurs ne ressemblent jamais à des héros. Juste des morts-vivants. Coincés dans des boites de sardines à quatre roues. Les proches cousins des flics de Richard Fleischer (Les flics ne dorment pas la nuit) ou Robert Aldrich (Bande de flics). Comme eux, la Momie, la Belette et ses potes tentent de survivre. Bon gré mal gré. A chaque coin de rue la mort les guette. Autant l'exorciser. Drogues et alcools aidant. L'humour en guise de pied de nez. Le personnage de François Berléand oscillant entre rage et cruauté en est l'exemple le plus probant. On frôle parfois la caricature. La maîtrise scénique de Boukhrief équilibre assez habilement l'ensemble.

L'ennemi lui ne plaisante pas. Et arbore une multitude de curieux visages. Du petit "glandeur" de cité avec un "nique ta mère" et des crachats pour seule arme. Des fedayins de banlieue kalachnikov et kefhieh de rigueur. Jusqu'aux braqueurs aguerris armés comme en temps de guerre. Au milieu l'étrange Dupontel. Aux oubliettes les coups de pélloche intempestifs et le copinage avec les hyènes. Boukhrief glisse uniquement son nom. Distille (et filme magnifiquement) de minces indices censés peaufiner notre jugement. Flic, voyou ou taupe ? Le jeu tout en nuances - et grande classe - de l'acteur, les révélations sur son passé lèvent peu à peu le voile. Comme les morceaux d'un puzzle qui s'assemblent au compte-goutte. Et amènent à une fusillade et un dénouement surprenants. La caméra scrute une violence âpre et pénible. Sans artifices. Quitte à faire grincer pas mal de dents.

C'est sans doute volontaire. Et inespéré. A une époque où le cinéma français draine presque exclusivement des polars calibrés 100% action ou franchouillard à la mode Besson, Le Convoyeur opte pour la simplicité et le savoir-faire hérités du cinéma de genre. Un pari décidément plus courageux et risqué qu'il n'y paraît.
 
jean françois

 
 
 
 

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