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LES (TOUT) PETITS PRINCES
"Evidemment, il faudra tout recommencer à zéro…"
En posant sa caméra dans la classe de tout petits où enseigne sa fille, Jean-Paul Julliand a trois idées en tête : observer en témoin discret le fonctionnement mystérieux de cette première année d’école où s’articulent tellement d’enjeux cruciaux ; prouver le rôle primordial de la scolarisation anticipée (c’est-à-dire dès deux ans) dans l’intégration des enfants issus des quartiers sensibles, et donc dans l’égalité des chances ; et enfin rendre en filigrane hommage à tous les enseignants qui se battent, année après année, pour offrir le meilleur à leurs élèves. Cela donne un documentaire captivant, émouvant et souvent très drôle, qui immerge le spectateur dans un microcosme où chaque mot prononcé, chaque geste accompli, devient un espoir pour l’avenir.
Filmé chronologiquement, le documentaire suit le cheminement patient de l’année scolaire, de la rentrée bouleversante qui fait couler des flots de larmes à ce spectacle de fin d’année où chaque élève a trouvé sa place. Entre les deux, beaucoup d’embûches, d’essais, d’échecs, de doutes, et surtout beaucoup de foi, d’énergie et de cœur de la part de la maîtresse et de ceux qui l’entourent. Comme un combat de très longue haleine dans lequel triompheraient, à la fin, le savoir, la générosité et l’entraide.
En voix-off, l’enseignante nous livre quelques "clefs" sur les activités choisies (toujours ludiques, mais systématiquement avec un but pédagogique avoué), et confie parfois son état d’esprit, entre lassitude et motivation. Mais la majorité du film se passe très bien de tout commentaire, permettant au spectateur d’être l’observateur privilégié de ce qui est d’habitude caché dans le huis clos des classes : les gros chagrins, les petits rituels, les chansons, les apprentissages, les échanges… C’est ténu, subtil, parfois même insaisissable, et c’est sans doute ce qui en fait la beauté simple. On ressort du film avec un sentiment de confiance absolue en l’avenir des petits protagonistes qui semblent "sur les rails" pour les années à venir. Scolairement, bien sûr, mais surtout humainement et collectivement. Le tout sans le moindre tour de magie, mais avec persévérance, honnêteté et intelligence, ce qui est encore mieux. MpM
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