Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 27

 
Le Pont des espions (Bridge Of Spies)


USA / 2015

02.12.2015
 



LA LIGNE GRISE





"Voici le premier problème : les noms de vos pays sont trop longs."

Après Il faut sauver le soldat Ryan (1998), Arrête-moi si tu peux (2002) et Le Terminal (2004), Tom Hanks retrouve Steven Spielberg pour un quatrième long-métrage, Le Pont des espions. Avec ce thriller d'espionnage, le réalisateur nous fait faire un petit tour du monde, des États-Unis à la Russie en passant par l'Allemagne. Le tout sur fond de Guerre froide. Un film à l'ancienne, dans le prolongement de Lincoln, sur les vertus de la démocratie et de la constitution américaine, parfois mieux défendues par les individus que par l'administration censée les servir.

Diplomatie et vol de vedette

En 1957 et en pleine Guerre froide, James B. Donovan, un avocat américain, accepte de défendre Rudolf Abel, un espion soviétique en mission sur le sol américain. La crainte des Soviétiques est si grande à l'époque que Donovan est contraint de négocier l'échange d'Abel et Francis Gary Powers, un pilote de la CIA dont l'avion espion a été abattu au dessus de l'URSS, sans aucune aide diplomatique. Sous couvert de ne pas représenter le gouvernement américain tout en étant un émissaire, James Donovan découvre l'envers des négociations internationales.

Pendant 141 minutes, Steven Spielberg filme avec la maîtrise qu'on lui connaît les paysages peu chaleureux de la Russie et de Berlin-Est, auxquels il oppose la chaleur opulente des banlieues américaines, familiales et pleines de sourires. Un chouïa manichéen, le scénario d'origine écrit par Matt Charman a le mérite donner la part belle à tous les gouvernements concernés par cette histoire "inspirée de faits réels". La lâcheté des Américains est mise en avant, l'orgueil des Allemands est pointé du doigt tandis que la fourberie des Soviétiques n'est pas épargnée. Bref, tout le monde en prend pour son grade.

Si James B. Donovan, le personnage que Tom Hanks incarne, a toute notre sympathie, c'est finalement ce prisonnier, Rudolf Abel, qui a lui toute notre attention. Interprété par un Mark Rylance brillant, ce personnage finit par être le centre de tout. Que va-t-il lui arriver ? L'échange va-t-il avoir lieu ? Espionnait-il vraiment pour le compte des Soviétiques ? Va-t-il livrer tous les secrets de son pays ? Autant de questions que le spectateur se pose et qui vont le tenir éveillé jusqu'au bout. Car qu'on se le dise bien, Le Pont des espions est un film long, lent et parfois lourd. Très bien mis en scène et doté d'une photographie proche de la perfection, l'ensemble pourrait en rebuter plus d'un. Mais revenons à nos moutons. Déjà vu dans Deux sœurs pour un roi, Mark Rylance sera le héros du prochain film de Steven Spielberg, Le Bon Gros Géant, dont la sortie est prévue pour 2016.

Faux film d'espionnage pur et dur

Finalement, ce qui surprend dans ce Pont des espions, c'est l'alliance plutôt réussie du comique de situation et de la gravité des faits. C'est la Guerre froide. Fossile historique d'une autre génération. James B. Donovan pourrait être arrêté et tué à tout moment. Parce que son voyage en Europe se fait sans réel parachute, la tension est grande et c'est au cours de ce voyage parfois anxiogène que les frères Coen ont décidé d'insérer leurs meilleures répliques. Car si Matt Charman a écrit les grandes lignes du scénario final, on reconnaît rapidement la patte des réalisateurs de Burn After Reading ou A Serious Man au niveau de l'écriture. Le ton est décalé, les acteurs se parent d'une veine comique impensée et les répliques sont cinglantes. Et cela allège le film ! Malgré la longueur, ces sursauts de bonne humeur détendent le spectateur et lui ferait presque oublier qu'au bout du compte, sur ce fameux pont, la vie de deux hommes se joue.

Si Rudolf Abel est mis au centre de l'intrigue, la place déjà considérable donnée à Francis Gary Powers déplait énormément. Beau gosse américain élevé au maïs et autres pancakes, le personnage que joue Austin Stowell intéresse bien peu. Peu nous importe de savoir s'il va vraiment s'en sortir puisque du début à la fin, sa détention par les Soviétiques est présentée comme un piètre ressort scénaristique. Même le sort du jeune Frederic Pryor a plus d'intérêt ! Et alors que Tom Hanks, décidément digne héritier des grands acteurs humanistes dans la lignée de James Stewart et Henry Fonda, et Mark Rylance sont au top de leur jeu d'acteur, l'interprétation d'Austin Stowell dérange, gêne, agace. Ses rôles dans Whiplash et Ma vie avec Liberace ne nous ont pas fait oublier ses passages plus que médiocres dans des séries telles que La Vie secrète d'une ado ordinaire, 90210 Beverly Hills ou encore NCIS : Los Angeles. Il n'élève pas le film, bien au contraire.

Trois ans après le très bon Lincoln (deux Oscars et un BAFTA), Steven Spielberg nous revient donc avec un nouveau film historique, explorant les lignes grises du système américain. Techniquement maîtrisé, Le Pont des espions traîne en longueur et a tendance à plomber le moral du spectateur qui, bien que fan du réalisateur, aura oublié de "checker" la durée du film. Malgré des dialogues bien ficelés et des plans sublimes, l'ensemble est desservi par un scénario manichéen dans lequel Tom Hanks est encore et toujours le sauveur, le héros, bref l'homme de la situation !
 
wyzman

 
 
 
 

haut