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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Star Wars, épisode VII : Le Réveil de la Force (Star Wars Episode VII: The Force Awakens)
USA / 2015
16.12.2015
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Des spoilers en grand nombre cet article contient.
DISNEY CONTRE-ATTAQUE
"Alors, je parle, vous parlez, qui commence ? Non parce qu'avec le masque c'est difficile…"
Lorsque Disney a racheté la franchise Star Wars à George Lucas en 2012, bon nombre sont ceux qui ont été indignés. Puis est venue la vraie question : qui pour réaliser le premier volet d'une nouvelle trilogie ? Sur J. J. Abrams, le choix s'est fait. Et après avoir vu le film de l'année, voire le blockbuster de la décennie, force est de reconnaître (si ce n'était pas fait) que mettre les destins de Han, Leia et les autres entre les mains du père de Lost et Fringe était une idée de génie. En somme, l'élève a dépassé le maître ! Explications.
Dans une galaxie lointaine, fort lointaine…
Comme nous le disions récemment, c'est dans les vieux pots que l'on trouve les plus grosses recettes. Et à ce niveau-là, Disney et J. J. Abrams ont tout compris. Dès le fameux carton d'introduction incliné, les choses sont remises en contexte et alors même que le public s'attend à découvrir exclusivement une nouvelle génération de personnages, il n'en est rien. L'histoire de ce premier volet tourne autour du destin de Luke, le héros de la première trilogie.
Alors qu'il tentait de former une nouvelle génération de Jedi, Luke a eu un échange intense et complexe avec l'un de ses élèves. Résigné, il s'en est allé aux confins de la galaxie. Dès lors, Leia et Han ont tenté de le retrouver - sans succès. La princesse devenue gouverneur charge son meilleur pilote, Poe Dameron, de récupérer une carte sur Jakku qui permettra aux Rebelles de retrouver le fils d'Anakin Skywalker et de lutter efficacement contre le Premier Ordre. En parallèle, un Stormtrooper que l'on nommera Finn se rebelle et croise la route de la jeune Rey qui semble habitée par la Force. Ce qui n'a pas échappé au seigneur Sith Kylo Ren qui, sous les ordres du seigneur Snoke, fait tout son possible pour mettre la main sur la carte.
Fidèle à la saga qui l'a vu grandir, J. J. Abrams utilise les gimmicks et la boîte à outils qui ont fait le succès des deux premières trilogies. Les dialogues sont dans la lignée des premiers films, dérangent parfois l'oreille mais font très souvent mouche. Les personnages sont caractéristiques de l'univers créé par George Lucas et les décors tout aussi splendides que dans nos souvenirs. Plus encore, et comme J. J. Abrams ne peut s'en empêcher, Le Réveil de la Force est peuplé de références qui lui sont propres telles que les flares, ces rayons lumineux que l'on trouvait partout dans Fringe ou encore l'acteur Greg Grunberg qui suit le réalisateur dans chacun de ses projets. Œuvre majeure dans la filmographie du papa d'Alias, ce Star Wars est sans aucun doute son bébé le plus réussi.
Je suis ton fils
Pour ne déstabiliser aucun spectateur, les scénaristes Lawrence Kasdan (L'Empire contre-attaque), Michael Arndt (Toy Story 3) et J. J. Abrams nous servent la même bonne soupe que l'on connaît déjà. Sous entendu, dans Star Wars, tout est une question de sang et de lignée, bien avant que la Force entre en scène. Très vite, la filiation de Rey pose des questions importantes. Au-delà du qui elle est, nous voulons également savoir qui sont ses parents. Les parents de Finn, bien qu'absents, sont clairement mentionnés. Ceux de Poe importent peu, bien qu'il ne serait pas étonnant que dans le prochain volet, le voile soit levé sur leur identité. Enfin, quatrième personnage essentiel à cette nouvelle génération, c'est du côté de Kylo Ren que les choses se corsent.
En effet, ses parents ne sont autre que Leia et Han. Oui, oui, les deux ont eu un enfant qui a complètement viré de bord ! C'est d'ailleurs à cause de lui que Luke a fui. Comme l'a fait J. J. Abrams lorsqu'il a reçu le premier script de George Lucas, Kylo veut créer sa propre histoire, faire les choses à sa manière et ne recule devant rien pour surpasser son oncle. Le but ? Devenir aussi puissant que Dark Vador, son grand-père à qui il voue un culte morbide et glauque.
Très vite, la logique Star Warsienne se met en place et plus rien ne peut l'arrêter. Le Premier Ordre a conçu une arme capable de détruire plusieurs planètes et vise celles habitées par la Rébellion. Leia envoie Han, Chewbacca, Rey, Finn et Poe pour la détruire et leur donner une chance se battre à armes égales. Et comme nous pouvions le supputer, la scène la plus intense sera celle de la réunion visuelle et tactile entre Kylo et son père, dans un lieu qui n'est pas sans rappeler le dernier combat d'Anakin et Obi-Wan (La Revanche des Sith) ou encore la scène de la révélation de Vador et Luke (L'Empire contre-attaque). Cette scène, incroyablement intense, se solde par la mort de Han Solo !
Du côté obscur, Kylo Ren ne peut donc plus être ramené. Certains fans y verront un acte barbare mais les plus lucides comprendront que pour ramener Star Wars dans le game et lier les destins des personnages new generation, J. J. Abrams a dû faire des sacrifices.
Le meilleur blockbuster depuis l'origine du blockbuster
Parce qu'écrit à six mains, le scénario du Réveil de la Force représente un peu de chacun de ses auteurs et n'est pas complètement à l'image d'un seul. Lawrence Kasdan a apporté son expertise de la saga Star Wars et Le Réveil de la Force sent bon la nostalgie et non la naphtaline. Michael Arndt a fait son possible pour distiller une sacrée dose d'humour dans ce monde de ténèbres et cela marche sincèrement. A tour de rôle, Poe et Finn, joués à merveille par Oscar Isaac et John Boyega, nous font sourire voire carrément rire. Des mimiques aux jeux de mots en passant par les silences gênés, tout y est pour que le spectateur se sente comme à la maison. Entourés de sa bande de potes qui part sauver le monde avec un courage qui fait chaud au cœur, le fan et le novice se retrouvent immergés.
Bien évidemment, l'argent de Disney a été brillamment utilisé lors des scènes d'action. Les fans de la première trilogie seront ravis de revoir les vaisseaux qu'ils ont connu, la "pâte" qui les faisait rêver. Quant aux accros de la seconde trilogie, ils ne pourront que s'émerveiller devant l'audace des course-poursuites, le réalisme des effets spéciaux et les combats au sabre laser que nous avons tant aimés. Le Réveil de la Force a le mérite de faire dans le postmoderne. Les nombreux clins d'œil raviront tous les spectateurs tandis que la production a su jouer avec les codes des blockbusters actuels.
Des personnages qui se vannent et se chamaillent, des quiproquos adorables, des robots de plus en plus humains, des différences qui s'estompent (ou ne se voient plus du tout), un certain respect pour le travail des aînés et l'envie de d'apporter quelque chose de nouveau. De manière subtile et quasi métatextuelle, les destins des personnages réfléchissent les désirs profonds de ceux qui ont fait le film, un excellent film.
Pendant 2 heures et 15 minutes, c'est donc une avalanche de sentiments que J. J. Abrams nous propose. En mêlant deux générations d'acteurs, le réalisateur de Mission : Impossible 3 nous rappelle à quel point le monde de Star Wars est magique et à quel point il compte dans la pop culture. Et comme si cela ne suffisait pas, c'est avec une humilité déconcertante que Le Réveil de la Force amorce un nouveau canon de beauté pour les films à venir et donne une vraie leçon aux autres studios incapables de signer un bon scénario à plusieurs mains. Mentions spéciales à la musique de John Williams qui captive autant et à BB-8 qui est notre nouveau chouchou.
Seuls bémols : les actrices Lupita Nyong'o et Gwendoline Christie sont trop peu employées et le plan d'ensemble final nous laisse sur notre faim... Cela étant, l'épisode VIII sortant le 26 mai 2017 aux Etats-Unis, nous aurons tous le temps de revoir cette épopée épique. Rappelons-le, car il faut rendre à Lucas ce qui est à Disney, Star Wars est le seul récit mythologique créé par le cinéma. Avec ses Dieux, demi-Dieux et autres mortels, cette nouvelle trilogie réveille une saga qui n'est pas prête de mourir.
wyzman
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