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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Joy
USA / 2015
30.12.2015
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LA REINE DE LA SERPILLÈRE
"Tu es comme une fuite de gaz : on te voit pas, on te sent pas mais tu nous tues tous !"
Cela commence à devenir une habitude: pendant les fêtes de fin d'année David O. Russell nous fait un film avec le même casting, les mêmes coupes de cheveux pour Jennifer Lawrence (à croire que c'est une trilogie), le même jeu hyperbolique et le même genre de scénario ennuyant. Pourtant si dans Happiness Therapy on avait hâte que le mélo se termine, que pour American Bluff on envisageait de crier au plagiat scorsesien, avec Joy, on suit les aventures d’une mère courage et de sa famille hypocrite et cinglée avec un plaisir masochiste. Car ça parle beaucoup, beaucoup trop. Le verbiage devient une marque de fabrique du cinéaste, quitte à nous saouler avec autant d’inepties et de dialogues qui tournent en rond. Comme à son habitude, le scénariste n'a pu s'empêcher de truffer son film de personnages qui ne font que jacter, s'engueuler, se vexer et faire la gueule pendant 123 minutes. On en sort essorer.
Joy est cerné par une famille profiteuse, qui vit chez elle sans l'aider (trop bonne...trop naïve), l’arnaque sans problème quand il s'agit d'argent et la rabaisse à chaque occasion. La famille de Joy ressemble aux familles de séries américaines qui se déchirent pour du fric, façon Dallas et Dynastie. Il n'est donc pas étonnant que Joy s'ouvre sur une scène de soap opéra stupide et incompréhensible dont la mère de l'héroïne est friande.
Touche humoristique pour le réalisateur? Faudrait-il sourire… Tous les personnages exaspèrent, et la psychologique globale à deux balles (grand mère qui fout la pression, parents égoïstes, ex-mari inutile et encombrant, demi-sœur peste) empêche de vivre pleinement l’ascension de cette femme vers son « American Dream » (authentique). Le message est simple : on ne choisit pas sa famille mais avec de la détermination on peut s’en sortir. A condition que l’ambition soit lucrative. Seul le dollar compte.
Comment peut-on croire que l'histoire d'une femme qui a créé la première serpillière qui s'essore toute seule va faire palpiter les gens ? Même si on ne rigole pas dans cette « comédie », sa muse (J-Law) s'en sort bien en névrosée. David O. Russell dispose une fois de plus d’un autre bon scénario sur le papier, là même où il aurait dû rester. Car il faut attendre que sa ménagère de moins de 50 ans commence à vouloir se battre pour que le film devienne intéressant. Là on tient un début de sujet: la force d'une femme dans un monde impitoyable de mecs. En rentrant dans son enfer personnel, on finit par se réjouir de ses malheurs. C’est pervers.
Porté par une Jennifer Lawrence qui est, il faut bien le reconnaître, vraiment au top, Joy déçoit franchement par son manque de finesse et de justesse. Grâce à son personnage principal, complexe et profond, s’offrant des moments de pur délire, le film pourrait nous faire palpiter. Ce destin extraordinaire d’une femme au foyer endettée qui devient millionnaire attise la curiosité. Il y aussi la bonne idée de la voix-off de la grand-mère qui égaye le film par petites touches et donne une dimension nouvelle à ce drame familial creux. Enfin, Bradley Cooper qui, ici, à la différence d’American Bluff, apporte une vraie petite plus-value.
Mais ça s'arrête là. Car, De Niro cabotine une fois de plus, au point d’agacer, et s'entiche d'une veuve italienne qui n'a de cesse de plomber le film, de creuser le fossé entre Joy et les autres personnages et donner un goût amer à l'ensemble. Le film s’affirme comme une succession de bonnes idées disparates, gâchées par un mauvais traitement et des scènes bâclées ou inutiles. Franchement affligeant. La musique pèse, les décors ennuient, les personnages énervent et le rythme dérange.
En définitive, Joy narre avec beaucoup de difficultés les péripéties d'une jeune mère qui découvre les milieux de la publicité, de la télévision (les coulisses du télé-achat aurait pu être une satire suffisante pour réussir ce film) et des affaires plus généralement. David O. Russell pèche par la surabondance des gimmicks de son auteur et finit par désintéresser. Bref, Joy ne met pas en joie.
cynthia, wyzman
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