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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Arrêtez-moi là
France / 2015
06.01.2016
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LE COUPABLE IDÉAL
"Il doit y avoir une erreur...il faut vérifier..."
Un chauffeur de taxi trop gentil, trop solitaire et légèrement malchanceux se retrouve sous les barreaux suite à une grosse erreur judiciaire dont seul le spectateur en a conscience... un véritable enfer (plaisant), intérieur, intériorisé.
D'emblée Reda Ketab et son talent si irradiant nous plongent dans le quotidien de ce voisin parfait et de son adorable chat, loin du taxi driver solitaire habituel: il aide sa vieille voisine, il est mignon tout plein avec sa petite copine, serviable avec ses clients (il est chauffeur de taxi pas de vtc, précisons) et attentionné. Il n'y a pas de quoi s'inquiéter et pourtant à la suite d'un concours de circonstances, il se retrouve en prison et se met tout le monde à dos. Coupable idéal dans un système capable d'une erreur grossière à cause de ses dysfonctionnements. Son entourage littéralement ébranlé par la justice nous pousse à bout: une copine naïve, un avocat qui s'en fiche, etc... nous voudrions aider ce pauvre Samson qui attire notre pathos avec force grâce à la forte interprétation de Reda Ketab et de sa mine boudeuse et charmante. ça aurait pu être un formidable scénario pour Hitchcock.
Tout repose sur lui et sa rage d'être le seul à croire en son innocence. Seul au monde et nous témoins d'une triste société qui préfère montrer du doigt l'évidence au lieu d'enquêter sur la vérité. L'emprisonnement est plus supportable que l'ignorance des autres protagonistes.
Adaptation du roman de Iain Levison lui-même inspiré d'un fait réel survenu aux Etats-Unis en 2002, Arrêtez-moi là est un thriller sous fond de drame qui remue les entrailles jusqu'à les faire exploser. Un petit plaisir coupable. On rejoint là deux autres romans anglo-saxons transposés dans le cinéma (et un décor) français: Ne le dis à personne (Harlan Coben/Guillaume Canet) et L'homme qui aurait voulu vivre sa vie (Douglas Kennedy/Eric Lartigau). Gilles Bannier, qui a notamment brillé avec des séries comme Engrenages et Reporters, a su conserver un point de vue constant, avec ce qu'il faut d'efficacité, pour faire monter la colère (plus que le suspens). Loin du fait divers réel (qui se termina très mal pour l'innocent jugé coupable par les médias avant même que la justice ne se remette en question), il continue d'explorer l'engrenage infernal dans lequel un homme quelconque peut être détruit par la force d'un système de moins en moins apte aux nuances et aux questionnements. A trop croire avoir raison, la raison déraille. Cynthia
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