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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Creed: L'héritage de Rocky Balboa (Creed)
USA / 2015
13.01.2016
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DES COUPS DE POING DANS LE MUR
"Je me suis toujours battu...j'ai pas eu le choix!"
Ryan Coogler (Fruitvale Station et prochainement Black Panther pour Marvel) ressuscite le mythe de Rocky sans mettre une seule fois ce dernier sur un ring, préférant miser sur le jeune Michael B Jordan. Le jréalisateur n'a pas tort puisque son acteur a du talent en plus de savoir exhiber ses muscles saillants, mais cela suffit-il réellement à emballer les spectateurs? A parti d'un vieux pot, même avec un chef inventif, peut-on faire une meilleure soupe?
40 ans après l'avènement de Rocky, naissance d'un double mythe - le boxeur fictif qui se déclinera en franchise et Sylvester Stallone qui se transformera en star -, quatre décennies où la boxe a été surexploitée sur le grand écran (et souvent en nous faisant croire qu'un blanc bec pouvait mettre k.o. un afro-américain), nous revoici sur le ring. Effet de miroir, la nostalgie de ce vieux héros (Stallone est là pour faire le lien) donne une patine vintage plutôt savoureuse à un film très dans l'air du temps.
Si les intentions initiales étaient bonnes, le résultat final est bancal. Entre personnages légèrement stéréotypés - tel notre héros qui passe son temps à se battre car il a ça dans le sang (si son père était fermier il aurait élevé des vaches en plein Brooklyn?), sa petite amie (joliment interprétée par Tessa Thompson) au look d'Alicia Keys qui pousse la chansonnette et une scène au cimetière pour voir papa - et séquences clichés, l'oeuvre est dénaturée de toute originalité. Il faut la rage de Creed pour surmonter la facilité du scénario, à savoir un respect trop cérémonial au scénario hollywoodien, avec l'ascension en trois actes, et un certain sens du spectacle, plus immersif que passif.
Car les matchs sent intenses et titillent nos rétines, les acteurs sont impeccables et la mise en scène efficace. Mais c'est la nostalgie qui prend souvent le dessus, avec une romance à l'ancienne, une musique hommage au thème de Rocky, et Stallone en petit vieux rital touchant et attendrissant. Ça a son charme. Mais la soupe manque d'épices pour être tout à fait inoubliable. On est davantage dans une madeleine de Proust, avec, en arrière plan, un contexte plus social (les injustices, la discrimination), mais qui n'est jamais original. Il n'y a presque pas de surprise hormis cet étrange arrière-goût velouté: Rocky n'est pas mort, et ce personnage d'un autre temps survit à tout (les seventies, la guerre froide, le hip hop, l'âge canonique de son créateur). Qui aurait pu croire que ce héros oscarisé en pleine vague du nouveau cinéma américain, devenu star de blockbuster, allait s'offrir une deuxième jeunesse en 2015? Creed est avant tout un film hommage et, comme Star Wars, puise dans un univers peuplés d'icônes d'un autre temps. De la bonne soupe de grand mère, avec des ingrédients bio. Cynthia
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