|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
|
CŒUR A CHOEUR
"Je ne passerai jamais à autre chose. "
Chorus est de ces films qui en imposent dès les premières images. Noir et blanc classieux, peu contrasté, où dominent les nuances de gris, mise en scène élégante, choix d’une faible profondeur de champ qui met en relief les visages… François Delisle assume un parti prix esthétique très fort pour traiter un sujet extrêmement complexe, la mort d’un enfant. En se situant dix ans après les faits, à l’occasion de la découverte du corps, il s’exonère presque complètement de toute la partie policière (enquête, recherches…) mais, curieusement, pas des détails sordides comme la visite à la morgue ou les aveux du coupable. Pire, il montre (à deux reprises) les restes de la petite victime, et confronte les parents au récit des sévices subis, penchant très clairement vers une complaisance qui jure avec le ton arty de l’ensemble.
C’est d’autant plus maladroit que le reste du film s’attache moins à la disparition du fils qu’à la manière dont les parents l’ont gérée, chacun à sa façon. Il y a même une certaine évidence dans le cours suivi par le scénario, qui ne rate aucune étape dans son étude du couple brisé qui se retrouve, se rapproche et ajoute un nouveau chapitre à son histoire, dans l’optique avouée d’être enfin capable de faire son deuil, celui de l’enfant comme de leur amour. Hélas, le contraste entre ces deux volets du récit (d’un côté, la relation entre les deux adultes et de l’autre, le quasi-voyeurisme autour du meurtre) empêche d’être totalement convaincu par la proposition, audacieuse mais bancale, de François Delisle. Malgré son ambition et son élégance, Chorus piétine, s’empêtre, traîne en longueur et finit par substituer à la belle harmonie des chants polyphoniques du Moyen-Age, qui en constituent la bande-originale, le brouhaha dissonant d’un propos qui se perd en chemin.
MpM
|
|
|