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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Deadpool
USA / 2015
10.02.2016
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Bad boy hero
"Je ne dis jamais ça mais... n'avale pas!"
Les novices diront avec mépris : "oh encore un héros Marvel... en plus il a la dégaine de Spiderman!"Les connaisseurs (les vrais fans en somme) sortiront les griffes et tout en les tabassant avec rage répondront : "Deadpool est unique !!!!!"
Si dans l'univers papier Deadpool est déjanté, vulgaire et a conscience qu'il est dans un comic ("Je vais te botter le cul... c'est écrit à la page 15!") dans le film, il en est de même (thanks God). Et pourtant, ce n'était pas gagné puisque la Fox voulait en faire un énième super-héros positif pour le jeune public : gentil, poli et sexy... heureusement l'implication de Ryan Reynolds dans le projet (il est à la fois producteur et grand fan de Deadpool) a sauvé la donne.
Deadpool n'a pas les muscles saillants de Thor, ni le patriotisme de Captain America. Au contraire, il est défiguré après avoir essayé de guérir son cancer, enchaîne les insultes de phrase en phrase, s'envoie en l'air avec sa petite copine qui est prostituée (enfin un super-héros non asexué) et adore se masturber en serrant dans ses bras sa peluche licorne (à mourir de rire). L'esprit osé du comics et de ce sacré personnage est donc intact dans cette version filmique.
Ajoutons à cela le fait que Deadpool s'adresse aux spectateurs ("je parle à eux, là!"), se moque de son propre film ("on a un budget de merde!") et des acteurs de la franchise Marvel (même de Ryan Reynolds), et répète plusieurs fois le mot "mutant" afin de souligner l'ironie du fait que la Fox possède les droits sur ce mot, et vous serez aux anges face à cette adaptation très fidèle du comics qui génère un film surprenant, enlevé et haut en couleurs. Petit plaisir supplémentaire pour les fans : la scène cachée de fin légèrement dirigée vers Les Avengers et la franchise Marvel. Ainsi Deadpool est le premier héros à admettre l'existence des héros Marvel qui n'appartiennent pas à la Fox. La hache de guerre enterrée?
Côté divertissement, même si le récit s’emmêle au départ dans des allers-retours plombants entre action présente et flashbacks sur les origines de Deadpool, la magie opère. On se laisse tranquillement transporter dans l'univers de ce casse-cou badass et terriblement drôle qui ne prend rien au sérieux, ni la violence, ni surtout l'héroïsme. Tous les passages obligés des films de super-héros se transforment donc en parodies irrespectueuses tandis que les dialogues qui oscillent entre cynisme et blagues potaches apportent un second degré devenu absolument nécessaire à ce type de films. Là où les Avengers ont clairement fait le choix du premier degré viril, gentillet et parfois niais, Deadpool parvient à combiner action spectaculaire (et violente, voire trash), humour noir et romantisme décalé. On rit donc aux larmes entre deux scènes de baston qui ne laissent aucun répit à nos rétines enflammées de plaisir !
En plus d'être la première belle surprise depuis longtemps dans le domaine des franchises, Deadpool montre qu'une autre voie est possible, celle de petites productions plus indépendantes, bénéficiant d'une vraie liberté de création, misant plus sur le scénario que sur les vitres qui explosent, et s'adressant clairement à un public plus âgé. Comme une réconciliation entre divertissement de masse, intelligence et création artistique. Cynthia
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