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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Free Love (Freeheld)
USA / 2015
10.02.2016
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MA FEMME, MA BATAILLE
« Elle passe sa vie à rétablir la justice et ils lui refusent la justice ».
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Les combats activistes, qu’ils soient environnementalistes ou communautaristes, ont toujours fasciné les scénaristes américains. Ceux-ci savent maîtriser la narration d’un fait réel pour le rendre « hollywoodien ». Cela ne veut pas dire que ça en fera un grand film. Free Love a tout pour lui : des interprètes parfaits, une histoire bouleversante, une progression dramatique. Mais il a contre lui une mise en scène qui manque de singularité, qui empêche l’élan nécessaire pour en faire un grand film du genre.
Si sa réalisation est plate, Free Love vaut quand même le coup d’œil. D’abord et avant tout pour son argumentaire. Bien sûr, maintenant que le mariage pour tous est légalisé aux Etats-Unis, le propos paraîtra un peu désuet. Mais aucun combat n’est jamais acquis. Et toutes les bonnes causes ont en commun d’avoir été gagné par de petites batailles. Celle de Laurel et Stacie est une petite victoire locale qui a contribué à la reconnaissance de l’égalité des droits des couples de même sexe.
Le duo formé par une Julianne Moore à peine maquillée (et évidemment précise dans son jeu) et Ellen Page (crédible de l’allure aux sentiments exprimés) sert de piliers fondateurs. Mais il ne faut pas oublier Michael Shannon, formidable en ami bienveillant, et Steve Carell, parfait en militant gay juif excessif. Le scénario est construit avec efficacité : démonstration que Laurel (Moore) vaut mieux que ses collègues masculins, installation de l’histoire d’amour et des obstacles pour la vivre au grand jour, maladie qui va tout dévaster, délibérations politiques et médiatiques pour imposer de manière assez didactique la décision la plus juste.
On est davantage intéressé par ce qui est en arrière plan : l’homophobie latente, la politisation d’une affaire privée, la puissance d’une relation amoureuse.
On comprend qu’Ellen Page soit intéressée par ce film depuis plus de sept ans : pour vivre heureux, il ne faut pas vivre cacher. Après son coming-out salutaire et émouvant, l’actrice canadienne a trouvé un rôle qui traduit impeccablement son discours, entre liberté d’aimer et respect des droits.
Dans un Etat où même la meilleure flic est méprisée dès lors qu’elle est « une partenaire domestique » d’une autre femme, dans un milieu où s’assumer homosexuelle est prétexte à discriminer, ça ne peut que choquer , surtout quand ce sont des mâles grisonnants qui ont le pouvoir. Les traditions valent plus que les convictions.
Rien de neuf sous la bannière de l’Oncle Sam. De Philadelphia à Harvey Milk, le cinéma américain s’est régulièrement emparé de ce thème pour donner de grands rôles à ses stars et tenter de bousculer les préjugés de l’Amérique moyenne grâce à la caution du nom de ces vedettes hétérosexuelles. Free Love n’est pas au niveau des deux films précédemment cités, même s’il en a tous les ingrédients. Mais une chose est certaine, même dans un registre mineur, Hollywood sait nous convaincre que la justice l’emporte toujours et que le sens de l’Histoire est progressiste.
vincy
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