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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Un jour avec, un jour sans (Right now, wrong then - Jigeumeun Matgo Geuttaeneun Teullida)
/ 2015
17.02.2015
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CINEMA, RENCONTRE, TEMPS GRIS
"Comment peut-il être critique ? Il est grossier, ignorant et snob !"
Un plan large sur la porte d’un temple, une jeune fille qui entre, un zoom arrière sur un homme qui la regarde… Pas de doute, dès les premières images, on sait qu’on est chez Hong Sang-soo, et que son nouveau film (le 17e, semble-t-il) se positionne sans surprise sur les traces de ses précédents. Il y a donc un réalisateur en déplacement dans une ville de province, une jeune fille désirable, du soju, et tous ces ingrédients qui donnent parfois l’impression que les films du réalisateur sont juste des études, aux variations infimes, d’un même récit. Dans la droite ligne du peintre Claude Monet et de ses nymphéas (cathédrales / meules de foin), le cinéaste coréen semble en effet étudier film après film, sous une lumière différente, et brouillé par le facteur aléatoire de la quantité d’alcool absorbée, l’essence des rencontres entre êtres humains, les voies de la création et l’insondable mystère de l’âme humaine.
Pour Un jour avec, un jour sans, il franchit même un pas dans son dispositif habituel de narration en proposant à l’intérieur du film deux versions (très proches) de la même histoire. Là où il s’évertue d’habitude à faire varier les récits (Dans un autre pays), les personnages (Sunhi) ou même les points de vue (Ha ha ha), il filme cette fois les mêmes séquences, à quelques détails près qui en modifient la physionomie (une journée sera au finale meilleure que l’autre) sans en bouleverser le sens, ni apporter de point de vue radicalement différent sur l’intrigue ou les personnages. Ce sont les mêmes protagonistes, pris dans les mêmes situations, et qui y répondent sensiblement de la même manière.
Est-on surpris ? Non, sauf si c’est le premier film de Hong Sang-soo que l’on découvre. Se prend-on au jeu ? Sans l’ombre d’un doute, et malgré les moments de creux de la deuxième partie, fatalement un peu répétitive. Car au-delà de la rencontre fortuite qui est au cœur des deux récits (et sur laquelle se concentre Hong Sang-soo, après avoir lancé la fausse piste de l’assistante toute prête à tomber dans les bras du réalisateurs), la question de la création artistique est très clairement l’autre grand sujet du film, qu’elle parcourt en filigrane du début à la fin. On assiste en effet à la rencontre entre deux artistes qui essayent de partager leur expérience et leur ressenti face à l’injonction de l’art. Or, il y a une pureté inhabituelle, une véritable élévation dans le long monologue de la jeune fille qui explique pourquoi elle peint, et ce que cela lui apporte. On ressent aussi l’importance de la création artistique dans l’épanouissement qu’elle provoque chez ceux qu’elle touche, à l’image de la jeune assistante ou des spectateurs.
Ce qui n’empêche pas le cinéaste de jouer la carte de l’humour (les scènes de beuverie sont toujours aussi fantasques), voire de l’ironie (son personnage masculin ne dépare pas dans sa vaste galerie d’hommes indécis), et surtout de l’auto-dérision. C’est un peu comme s’il adressait sans arrêt des clins d’œil au spectateur pour lui signifier les multiples références à ses films précédents, et neutraliser l’impression tenace de déjà-vu, si ce n’est de redite. Peut-être cherche-t-il aussi à le rassurer sur la légèreté inhérente à son travail qui évite soigneusement toute dramatisation. Si bien qu’on retrouve une nouvelle fois avec plaisir, mais sans réelle surprise, cet univers presque hors du temps qui a le charme du rêve et de l’inimitable cinéma de Hong Sang-soo.
MpM
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