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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Les innocentes
France / 2015
10.02.2016
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LE SECRET DES VIERGES
"Et aucune d'elles n'a perdu la foi?"
1945, une jeune médecin va être le témoin de l'horreur de la guerre en plein couvent. Anne Fontaine explore un fait historique à travers un huis clos où le gris domine : les âmes, abimées par l’horreur de la guerre, les pierres d’un couvent froid comme l’hiver, le ciel polonais, plombé.
L'esprit transgressif du scénario le fait jongler entre la foi sans failles, la honte et l'horreur de l'homme et de la guerre. En adoptant un regard de compassion, sans jugement sur ces femmes bafouées, enfermées avec leur secret pour éviter le qu'en dira-t-on - mais ne dit-on pas que Dieu Seul est juge? - la réalisatrice continue de revendiquer un cinéma humaniste et féministe. Liberté pour toutes celles qui doivent affronter les préjugés et survivre aux atrocités. Ces bonnes sœurs aveuglées par la honte d'un acte inavouable tentent de se noyer dans la prière (en larmes) tout en acceptant l'inacceptable.
"Femmes malades, s'il vous plaît!" Des femmes malades, voilà comment qualifie l'une des sœurs l'état dans lequel se trouvent ses camarades. Derrière ces grossesses honteuses ne serait-ce pas le poids du secret qui serait la véritable maladie, cancer qui ronge les consciences des victimes plutôt que de culpabiliser les bourreaux, moralistes ou tout simplement mâles insouciants ?
Ce drame bouleversant nous plonge avec douceur et délicatesse dans l'enfer personnel de ces femmes à l'innocence perdue. Les interprètes (Lou de Laâge, sublime de retenue) donnent chair à leurs naissances, leur renaissance, et leurs démons intérieurs. Car Les innocentes est un plaisir douloureux à regarder. La sensibilité de la cinéaste transpire dans cette histoire conflictuelle (contre les hommes, entre femmes, face à Dieu, sous l’emprise de la religion). Si cela manque un peu de passion, c’est sans doute que le récit est un peu trop attendu, un peu trop lissé. Mais il reste ce sentiment intense qu’il faut savoir croire en son prochain.
cynthia
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