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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Zootopie (Zootopia)
USA / 2016
17.02.2016
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LE BATON ET LA CAROTTE
«- Ton père, moi et tes 275 petits frères et sœurs, nous changeons le monde : une carotte à la fois. »
A priori on aurait pu croire une fable de La Fontaine : la lapine (maligne) et le renard (filou). On ajouterait le paresseux (hilarant, tout simplement). Mais Zootopie, comédie policière et animalière malicieuse de Disney, est avant tout un délire bourré d’humour et d’action, avec un petit twist final qui fait un gros clins d’œil aux standards hollywoodiens. Ce buddy-movie pour petits et grands est une prouesse informatique avec ses 64 espèces animales qui coexistent pacifiquement (ou presque). Allégorie du vivre ensemble, le dessin animé veut combattre les préjugés (ça passe mieux avec des animaux anthropomorphiques) et démontre, de manière plus insidieuse, que la peur est un instrument idéal pour accéder au pouvoir.
On avait presque peur que le bon sens paysan l’emporte (se contenter de ce qu’on a, c’est ça le bonheur). Mais non, Disney persévère : il faut savoir rêver, être ambitieux, et dépasser les limites imposées par la société. Le studio a bien compris qu’il fallait s’adresser au public le plus large possible, filles (et oui désormais les « girls » peuvent faire le job habituellement dévolu à un « boy ») comme garçons (et oui, les gars peuvent être plus sensibles que les nanas). Hymne à la différence et aux nuances.
Mais, même dans la plus utopique des cités (cosmopolite, un parc d’attractions en soi, avec ses six territoires aux ambiances si contrastées), il reste quelques méchants et il faut des justiciers. Notre G.I. Jane aux grandes oreilles, loin d’être un lapin crétin, va devoir mener l’enquête comme Sherlock Holmes avec son Watson de renard (aux airs de Robin des bois).
Classique et didactique, le scénario fonctionne bien, avec quelques références souriantes (la Banque Lemming Brothers, et pas mal de films cultes), quelques dialogues ironiques («- Demain est un autre jour. – Oui, mais ça peut être pire.»), une bonne dose de placements produits, et de l’auto-parodie («La vie c’est pas une comédie musicale où on se sent libérée, délivrée comme par magie »). On suit l’aventure comme on est dans une montagne russe, sans avoir peur, mais bien embarqué dans le grand huit où lions et moutons jouent un trouble rôle. La famille « béliers » n’est plus ce qu’elle était.
Une séquence culte qui écrase le film
Là où Zootopie se distingue c’est avec deux trois séquences. Le centre de yoga avec les animaux naturistes (l’éléphante, c’est juste énorme) ou quelques personnages secondaires qui ne manquent pas de caractère mettent du relief dans ce récit qui ne cherche aucune profondeur particulière hormis cette question sur l’origine de nos comportements, génétiques ou sociaux. Pour le reste, on est dans du traditionnel : amitié, dépassement de soi, musique pop finale avec générique amusant, … il manque peut-être un peu de noirceur pour donner un peu plus de couleurs à ce film qui, pourtant, n’en manque pas.
Artistiquement, il n’y a rien à dire. Disney est passé maître dans le genre 3D en images de synthèses. Mais le problème de Zootopie est de balancer dans le deuxième tiers du film une scène culte, à se plier en deux. Elle surclasse tellement le reste du film qu’elle l’écrase (un peu comme les intermèdes avec Scrat dans L'Age de glace). On ne se souvient que de ça et, après ça, l'intérêt est un peu moindre. Ce moment où notre lapine et son renard entrent dans l’antenne de la préfecture pour identifier une plaque d’immatriculation. Tous les fonctionnaires sont des paresseux. Métaphore amusante et universelle. Un peu injuste mais férocement drôle. D’autant que le film prend alors son temps pour appuyer l’effet comique en opposant le temps de réaction du paresseux (à une blague, une demande, en faisant n’importe quel geste) et l’impatience hystérique de la lapine face à cet animal apôtre de la lenteur, sous l’arbitrage narquois du renard. Rien que pour ça, Zootopie mérite le détour. Attention de ne pas marcher sur les souris quand même.
vincy
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