|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
La fabuleuse Gilly Hopkins (The Great Gilly Hopkins)
USA / 2015
24.02.2016
|
|
|
|
|
|
GILLY LA MALICE
« Ces histoires qui finissent bien c’est du mensonge ».
C’est une jolie histoire qui nous ait racontée. Pleine de bons sentiments, avec un soupçon de discours chrétien (aimez-vous les uns les autres, acceptez vos différences, etc…). Personne n’est méchant dans la vie de la Fabuleuse Gilly Hopkins et pourtant, a priori, elle déteste tout le monde. Surtout ceux qui l’aiment ou qui l’aident.
Convenu de bout en bout, l’histoire est sauvée par la joliesse de son écriture, des personnages pittoresques (quoique déjà vus) et une absence de cynisme totale. L’héroïne est débrouillarde, indépendante, insolente, maligne, un poil méchante, mais on le sait d’avance elle a aussi un grand cœur. Ultime chance pour cette fille abandonnée par sa mère : un home sweet home tenu par Kathy Bates, qui elle a un cœur gros comme ça. Et « ici, on respecte Dieu ». Bref on ne jure pas, tabernacle. Ce petit coin de réconfort où une famille n’est pas forcément liée par le sang fédère ainsi un gamin traumatisé, une veuve maternelle et un voisin aveugle. Trop de gentillesse et de bonté pourraient donc nuire à sa santé mentale. Gilly Hopkins ne peut pas s’empêcher de taquiner, provoquer, imaginer les pires conneries pour qu’on la rejette. Pas de chance, elle s’appelle Galadriel. L’associable castagneuse, garçon manqué et fille bien seule, n’a qu’une idée en tête : s’évader et revoir sa maman qu’elle imagine nageant dans le glamour.
Derrière son allure de conte de fées (car il s’agit finalement d’une sorte de Cendrillon où la grand mère sert de prince charmant), le chardon dans le champs de tulipe va s’épanouir et lâcher prise. Si, cinématographiquement, le film méritait sans doute un point de vue plus prononcé soit en accentuant l’allégorie, qu’il aborde timidement par quelques séquences de rêve, soit par un réalisme (contraste) social, qu’il édulcore avec une image hollywoodienne sans originalité, La fabuleuse Gilly Hopkins est avant tout un portrait sympathique d’adolescente. Un mélange de John Hugues et de littérature girly. Le personnage est acide mais on le nappe progressivement de sucre pour qu’il s’adoucisse.
Moraliste en diable, il faut l’arrivée de Glenn Close pour avoir la meilleure séquence du film, la plus burlesque. Et déclencher, enfin, chez l’héroïne, des sentiments contradictoires qui permettent à Sophie Nélisse d’étendre sa palette de jeu. Malgré le cadre caricatural de l’ensemble, on tombe facilement sous le charme, à condition de ne pas trop en demander.
vincy
|
|
|