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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Divergente 3: au-delà du mur (The Divergent Series: Allegiant)
USA / 2016
09.03.2016
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LA CHEVAUCHÉE SAUVAGE
"Super le ciel saigne!"
Le ballet s'ouvre sur un Chicago dévasté et le couple PHARE de la saga (Quatre et Tris) grimpant sur un bâtiment. Poussé par la tyrannie d'Evelyn (aussi despote que celle qu'elle a remplacé, coucou Hunger Games), le couple prévoit une évasion afin de découvrir ce qui se cache derrière le "fameux" mur. Cela sonne un peu comme la chute du mur de Berlin, mais en plus apocalyptique. Nageant en plein Mad Max avec ses poursuites de chars, ses déserts de sable rouge (on évoque vaguement le réchauffement climatique), la bande s'aventure donc au-delà de la frontière virtuelle qui les enferme (coucou Le Labyrinthe).
L'immersion dans ce troisième volet est aussi intense que dans les deux premiers, peut-être parce que l'intrigue n'est plus à présenter. Pourtant, si nous sommes propulsés dès le début, la pression descend tel un soufflé au chocolat raté. Très vite l'explication de ce que cache le mur prend le pas sur l'action, ce qui rend le temps long. On comprend alors que Divergente est un jeu de rôles dans un jeu vidéo à plusieurs niveaux. Le monde de Quatre et Tris est celui de "multi-players" dans un univers "multi-layers". On aborde discrètement quelques enjeux sociaux et politiques (manipulation génétique, environnement, dictature fascisante et exclusive, système qui écrase l'individu) mais cela ne va jamais assez loin et reste au niveau d'une dissertation de lycée.
Illustré par des effets spéciaux quelque peu exagérés (scènes aux ralentis, images de synthèse), ce troisième volet de Divergente, pré-clos la saga pop teen du moment. Ce Wargames aseptisé (les fantasmes sont ceux d'un jeune ayant comme seule culture l'imagerie de synthèse) va en effet s'étirer avec un ultime chapitre, l'an prochain, alors même que la série s'affaiblit dès le troisième opus. Entre Labyrinthe et Hunger Games, comme nous le disions, Divergente 3 réussit à captiver le spectateur de bout en bout avec son histoire d'amour idyllique, son récit mouvementé et (surtout) ses méchants. Tris et Quatre sont bien beaux et bien gentils mais Peter (Miles Teller) nous fait passer de meilleurs moments. Méchant, gentil, méchant, ce personnage change de camp comme de slip juste pour le plaisir de le faire, ajoutant ainsi une touche rock et instable à une intrigue qui cherche son issue de secours.
Et si nous apprécions aussi le message très contemporain que véhicule Tris dans ce volet - la belle défend la différence entre chaque être humain et souhaite un monde sans classe, sans factions...- on ne peut que regretter l'évolution de la série Divergente vers un formatage trop convenu, où l'apparence esthétique écrase le parcours individuel. Le film n'apparait alors que comme une satire dramatique sur une société donneuse d'étiquettes. Bref, comment survivre dans un monde qui s'amuse à nous faire croire que nous avons un libre arbitre et nos propres goûts et désirs alors que nous sommes complètement manipulés par une propagande mercantile?
Cynthia
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