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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Black
Belgique / 2015
16.03.2016
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ROMEO & JULIETTE DU GHETTO
"Rien ni personne ne m'empêchera d'être avec toi !"
Récemment privé de sortie dans les salles françaises, Black raconte avec beaucoup de bonnes intentions l'histoire d'amour entre deux membres de gangs rivaux dans la banlieue bruxelloise. Sombre et violent, le nouveau film de Adil El Arbi et Bilall Fallah ne devrait laisser personne insensible.
Dès les premières minutes du film, le ton est donné : une jeune femme est victime d'un viol collectif sans que l'on ne sache qui, quand ou bien pourquoi. Et après une telle introduction, Black ne va jamais se calmer, se refroidir, nous apaiser. Nouvelle recrue des Black Bronx, Mavela tente de comprendre les règles du jeu et de faire son trou. Seulement, la jeune fille n'avait pas prévu de tomber amoureuse de Marwan, un marocain membre des 1080, les ennemis jurés des Black Bronx. Dès lors, pour réussir à vivre leur amour, ils vont devoir se cacher. Mais dans une guerre des gangs, tout se sait…
D'une violence certaine, Black dresse le portrait sans fard d'une jeunesse bien particulière. Si certains auront tendance à parler de film générationnel, nombreux sont ceux qui revendiqueront le fait que tous les ados belges ne se reconnaissent pas à travers le film. Et si celui-ci a vu sa sortie en salles annulée, ce n'est pas anodin. Parce qu'il présente la banlieue (belge, certes) comme un endroit dangereux et où l'on ne peut faire confiance à personne, certains exploitants ont sans doute eu raison d'être réticents. D'autant plus lorsque l'on sait que les premières projections du film en Belgique ne se sont pas passées comme prévu.
Mais revenons-en au film. Porté par des acteurs non professionnels vraiment talentueux, Black se recommande et se déconseille à la fois. Si l'histoire en elle-même est très attrayante et prouve que l'on peut encore faire de bons films sur les jeunes, force est de reconnaître que certains dialogues, certaines répliques ou encore certains plans dérangent fortement. Qui plus est, relativement dynamique, Black est si cru et cruel qu'une interdiction aux moins de 16 ans est hautement compréhensible. Scènes de viols collectifs, agressions frontales, rixes impressionnantes, tout est fait pour que le spectateur soit pris aux tripes. Et ça marche. Passé le choc, le spectateur ne peut qu'être profondément dégoûté.
Adapté des romans Black et Back de Dirk Bracke, le nouveau film de Adil El Arbi et Bilall Fallah mérite toute sa hype. Peut-être trop stylisé par moments, le film n'en demeure pas moins incontournable tant il en dit long sur une partie de la jeunesse d'aujourd'hui et sur sa manière d'appréhender les autres. Racisme, discrimination et incompréhension, Black traite de tout avec une maladresse qu'on lui pardonne volontiers.
wyzman
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