|
Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
|
|
|
|
|
Médecin de campagne
France / 2015
23.03.2016
|
|
|
|
|
|
LE DOCTEUR EST DANS LE PRÉ
"Je sais que les études de médecine sont longues mais alors là vous avez quand même beaucoup redoublé !"
Deux ans seulement après son succès public et critique Hippocrate, Thomas Lilti revient avec un troisième long-métrage qui s'intéresse à nouveau au corps médical, son ancien métier.
Jean-Pierre est le médecin qui ausculte tout le monde dans un petit coin de campagne. Disponible tous les jours et à toute heure, il vient en aide à tous. Mais le jour où on lui diagnostique une tumeur inopérable, les choses doivent changer. Il doit désormais faire avec l'aide de Nathalie, fraîchement titularisée et qui n'a jamais bosser à la campagne. Une question se pose : peut-elle remplacer l'irremplaçable Jean-Pierre ?
A la base perçu comme un film d'éducation dans lequel Nathalie (jouée par Marianne Denicourt) reprendrait le flambeau de Jean-Pierre (François Cluzet), le spectateur est vite amené à se raviser. En effet, bien qu'il soit malade, Jean-Pierre ne compte pas quitter la partie pour autant. Plus encore, Médecin de campagne raconte avec beaucoup de subtilité la manière dont Nathalie va apprendre le métier de médecin de campagne (qui n'a rien à voir avec la médecine "traditionnelle") et comment Jean-Pierre va apprendre à déléguer et à prendre soin de lui.
Plus long et plus lent que Hippocrate, Médecin de campagne ne démérite pas pour autant. Porté par un duo d'acteurs plus que convaincant, le film a pour lui des seconds rôles tous très bons. Isabelle Sadoyan et Félix Moati incarnent à merveille la mère et le fils de Jean-Pierre par exemple. Plus encore, en ne négligeant pas la question du progrès intrinsèque à la pratique de la médecine, le film de Thomas Lilti dresse un constat lucide et nécessaire sur la profession. Plus encore, il rend hommage à ces médecins dont on parle peu, que l'on ne voit jamais (à l'écran) mais dont l'utilité n'est plus à démontrer. Cela rend l'oeuvre empathique.
Tranquille et sobre, Médecin de campagne se regarde principalement pour un François Cluzet plus calme que d'habitude et une mise en scène fragile. Pas besoin d'en faire des tonnes pour Thomas Lilti, l'essentiel est dans le propos. Cartésien. Du film social, à la fois touchant et drôle, juste et engagé, comme le cinéma français n'en fait plus beaucoup.
wyzman
|
|
|