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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Batman v Superman: L'aube de la justice (Batman v Superman: Dawn of Justice)
USA / 2016
23.03.2016
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CIVIL WAR
« Le Daily Planet, c’est à moi ou à l’autre type ? »
Au départ il y a le mec qui vit plutôt le jour avec celui qui aime plutôt la nuit. Le fils de paysan et l’héritier milliardaire. Le gars des champs et le garçon des villes. Le Dieu venu de Krypton et le héros de Gotham. Deux faces d’une même pièce. Deux visages du super-héros fantasmé par les comics. Deux créatures irréelles qui sont livrés à leur résilience.
C’est donc un match (quasiment) inédit que Zack Snyder propose. On parle bien d’un match, de type combat de gladiateurs virilisés par leurs costumes moulants (mais pas trop finalement : comme pour les sculptures et peintures de la Renaissance, cela fait mauvais genre d’avoir une entrejambe survalorisée). Un combat en solo pour l’un, un exploit solitaire pour l’autre, puis leur duel tant attendu, pour finir par une guerre collective, et ses quelques bonus.
Forcément, pour installer tout ce barnum et lui donner un minimum de fluidité, il est nécessaire de lui donner un récit à multiples entrées. Le scénario est loin d’être complexe, et il s’avère même un peu brouillon. Mais le résultat est surtout qu’il étire le film sur deux heures et demi de durée. Il faut ainsi 40 minutes pour que tous les personnages soient bien plantés dans le décor. La première tranche est très psychologisante et contraste avec la seconde tranche, quasiment réservée à de l’action.
Par action, on s’entend : c’est une bataille de pantins. On se croirait presque à jouer avec des figurines en plastique au milieu de décors apocalyptiques. Comme souvent les effets spéciaux désincarnent les personnages, qui compensent avec des séquences plus traumatisantes et des questionnements existentiels (du genre si Dieu arrive sur terre, ne doit-on pas revoir complètement nos Lois ?).
Frères ennemis
Bon, une fois qu’on vous a confirmé que Batman v Superman : L’aube de la justice est un film de super-héros où l’on se fout complètement de la crédibilité des situations et qui se résume finalement à un buddy movie spectaculaire, que reste-t-il ? Deux fils à maman (tous les deux ont une mère qui s’appelle Martha, c’est freudien : ça unit) qui ne peuvent pas se sentir au départ (Batman accuse Superman du désastre causé à la planète dans Man of Steel) vont furtivement faire amis-amis pour sauver une fois de plus l’humanité. L’impuissant asocial Batman, le frigide solitaire Superman et la dominatrice Wonder Woman (en attendant la SM Catwoman) vont s’allier (il faut quand même attendre 2 heures et quart pour ça) face à une créature mi-monstre mytholigique mi-Frankenstein d’un ingénieur fou (Lex Luthor himself, incarné par un Jesse Eisenberg brillant psychopathe).
C’est d’ailleurs là que le script aurait pu être plus subtil. Si les femmes ne manquent pas de pouvoir (une sénatrice, une tête brûlée, une meta-humaine), elles restent cantonnées à une certaine passivité dans l’action (jusqu’à l’arrivée de Wonder Woman), se reposant sur leur intégrité et leur détermination. A l’opposé, les mâles, qui frôlent le burn out à force de bosser plutôt que de baiser, ont tous leurs traumas : l’absence du père en premier lieu, l’incapacité à gérer ses dons et son ses connaissances en second lieu. Ils ne sont finalement bons qu’à se chicaner pour savoir qui bande (ses muscles ou son cerveau) le mieux.
Black Steel
Dès le début, on sent que l’histoire ne sait pas comment aborder le double problème : le changement de Chevalier noir (Ben Affleck, pas pire qu’un autre) tout en étant la suite de l’Homme d’acier (Henry Cavill, pas plus charismatique que dans le premier). Zack Snyder nous ressort donc en prologue l’histoire du petit Bruce Wayne qui voit ses parents tués en sortant du cinéma. Et enchaîne avec le final de Man of Steel, vu à travers les yeux de Bruce Wayne. En calquant cette séquence, vu des rues de Metropolis et non plus en suivant Superman, il réalise une parabole un peu grossière, en tout cas peu imaginative, du 11 septembre. Tour qui s’effondre et nuage de cendres compris.
De là, tout va fonctionner comme un James Bond. Après l’action, les explications, et quand il y a trop de bla bla, on nous remet de l’action. Et si il n’y a aucune action de prévue, les scénaristes ont inventé un concept : le cauchemar. Ça fait double emploi puisque le spectateur profite d’une séquence distrayante (Superman qui arrache le masque de Batman après un combat complètement grotesque) et comprend simultanément ce qui hante l’esprit du héros. Au passage, on y glisse un élément pour faire avancer l’histoire, pour ne pas perdre de temps.
Mix génétique pas au point
Car, si on excepte le triple final (Batman contre Superman, Batman contre les hommes de Lex, Superman contre la créature de Lex…), le film n’est pas si aventureux que ça. Il y a bien une poursuite en batmobile et un attentat terroriste, mais ça s’arrête là. C’est d’autant plus frustrant, que pendant les 30 dernières minutes, il n’y a plus que ça. C’est aussi très rageant car Zack Snyder a du mal à mettre en scène toutes ces scènes. Parfois, avec finalement peu de moyens, il peut s’en sortir très bien (la scène du Congrès, entièrement portée par une Holly Hunter qui nous montre ce que c’est que de s’approprier l’image), parfois c’est confus (trop de montage tue la compréhension), malgré des moyens disproportionnés, et juste sauvé par une astuce de scénario. D’où une certaine insatisfaction. Ceux qui chercheront la noirceur d’un Nolan seront déçus par tant de simplismes et de psycho à dix cents. Ceux qui voudront se gaver de pyrotechnie et d’effets spéciaux (hyper convaincants) devront attendre que Batman et Superman (et Wonder Woman) jouent l’équipée sauvage.
Match de catch
Batman v Superman, film de hors la loi opportunistes qui se prennent très au sérieux, a quand même quelques atouts dans sa manche. D’abord des clins d’œil aux deux sagas, qui font la continuité avec les aventures des uns et des autres. Ensuite, l’absence de scènes fortes et imaginatives a conduit le réalisateur a trouvé des astuces pour leur donner du cachet ou créer l’effet de surprise. Et puis il y a l’image (à ne surtout pas voir en 3D tant cela assombrit la délicate lumière de certains plans), la musique (qui parfois est assez inspirée) et les effets visuels qui impressionnent. Enfin, il y a cet épilogue, surprenant. Bien sûr on y annonce la Justice League. Bien sûr on ne peut pas croire que l’un des deux super-héros est enterré six pieds sous terre. Mais ce double teaser met davantage l’eau à la bouche qu’une grande partie du film qui manque d’intensité. Snyder n’a pas su donner une couleur particulière à sa meta-œuvre. Il suffit de voir Wonder Woman débarquer, sur fond de musique electro-jungle, en costume de Xena la guerrière (jupette en moins), pour s’étouffer de rire. Gal Gadot, aussi sexy soit-elle, est trop potiche pour exister. C’est tout le souci du cinéaste : il nous fait passer d’un dérivé de Christopher Nolan à un Michael Bay. Parfois, on attend les Transformers.
Ce manque d’originalité confirme que les super-héros sont fatigués. Si l’un gagne le droit de vivre sur l’autre, sur le front, ils ont été plutôt à égalité. Mais une fois rincés par leur match de catch, où les pantins valsent à travers les gratte-ciel ou dans la stratosphère, on peut se demander si on a envie de revoir le même film avec Captain America et Iron Man (et Spider Man dans le rôle de la guest-star).
vincy
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