Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Demolition


USA / 2014

06.03.2016
 



CINQUANTE NUANCES DE DEUIL





"Si tu veux réparer quelque chose… Tu dois d'abord le démonter !"

Deux ans après Wild, le réalisateur de Dallas Buyers Club revient avec un nouveau drame qui a tout du feel-good movie, mélangeant fable philosophique et satire sociale, immanquable ce mois-ci.

"Elle est partie"

Jeune investisseur, Davis Mitchell doit faire face à un flot incessant d'émotions après la mort de sa femme, Julia. Incroyablement seul, il fait la connaissance de Karen Moreno, mère d'un ado et accro au cannabis. Ensemble, ils vont tenter de trouver un sens à leur vie respective.

Une chose est sûre, avec Demolition, Jean-Marc Vallée signe à nouveau un grand film. Drôle, touchant, émouvant, complexe, torturé, enivrant, les qualificatifs ne manquent pas pour désigner son nouveau bijou et son personnage principal, le fameux Davis Mitchell. Complètement à la ramasse mais lucide par moment, ce jeune veuf est incarné par un Jake Gyllenhaal qui n'a clairement plus rien à prouver à qui que ce soit et peut se lâcher complètement devant la caméra du réalisateur canadien.

A la manière de Matthew McConaughey (Dallas Buyers Club) et Reese Witherspoon (Wild), Jake Gyllenhaal se trouve ici complètement sublimé. Qu'il danse, qu'il pleure ou qu'il court, l'acteur est dans un rôle à la mesure de son talent. Un talent que l'on a jusqu'ici trop souvent relégué au second plan, trop occupé à mater la plastique particulièrement appréciable de l'ex de Taylor Swift.

Une modernité désarmante

Grâce à un scénario couillu et des personnages tous plus attachants les uns que les autres, Jean-Marc Vallée a la matière nécessaire aux chefs-d'œuvre version sitcom, où un personnage antipathique parvient à être non seulement aimable mais irrésistible. Sans aller jusqu'à dire que Demolition en est un, on passe difficilement à côté de la beauté de l'histoire écrite par Bryan Sipe. Petit nouveau dans la cour des grands, il ne fait aucun doute que l'on entendra parler de lui pendant un moment. En effet, en mêlant le présent au passé, le scénariste emmène le spectateur vers un avenir redouté. Parfois éprouvant pour ceux qui regardent, les flashbacks de Demolition sont un véritable bonheur. Julia devient ainsi une figure fantasmagorique mais non moins utile à l'évolution de Davis.

En mère paumée, Naomi Watts excelle même si sa performance n'est pas la plus transcendante. En effet, Judah Lewis, l'acteur qui incarne son fils Chris dans le film, s'en sort plus que haut la main, amenant Demolition sur des terrains glissants. Homosexualité, identité queer, tourments de l'adolescence, tout y passe. Et c'est dans l'alchimie qui se crée entre Chris et Davis que le film livre ses meilleures scènes. On pense notamment à ce moment où les deux garçons saccagent la maison du plus âgé. Un régal pour le moral, une souffrance pour la conscience.

Techniquement parfait

Mais avec Demolition, Jean-Marc Vallée n'a pas fait les choses à moitié. Côté musique, on retrouve avec plaisir Heart, Free, Eric Burdon & The Animals, Charles Aznavour, Lou Doillon, Cave ou encore Dusted. Bref, que du bonheur. Et visuellement, le résultat est là aussi. Les plans sont solaires, les cadrages sont intemporels. Jake Gyllenhaal a le loisir de capter notre attention sans jamais la monopoliser. Dans la foule new-yorkaise ou dans la banlieue chic, le réalisateur de C.R.A.Z.Y. trouve toujours un moyen de nous faire voir l'essentiel, la preuve de son talent.

Ni trop long, ni trop court, Demolition a tout du film parfait. En nous remuant sans jamais nous hanter, Jean-Marc Vallée propose 100 minutes de pur bonheur, un virage imprévu au royaume du veuvage et du deuil. Triste par moments, le film n'en demeure pas moins empli d'un certain optimisme. Et bon sang ce que ça fait du bien !
 
wyzman

 
 
 
 

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