Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Le Livre de la Jungle (The Jungle Book)


USA / 2016

13.04.2016
 



L’ENFANT LOUP





« Pour ce petit homme, combien de vies êtes-vous prêts à sacrifier ? »

De toutes les adaptations de ses dessins animés en film « en prises de vues réelles » et en 3D, Le Livre de la Jungle était le pari le plus casse-gueule. D’une part il s’agit du dessin animé le plus vu en France, à l’exception de Blanche Neige, et de l’un des dix films les plus vus par les français dans les salles de cinéma. Si bien qu’il est difficile d’oublier le séquençage et les chansons du film. D’autre part, parce que ce « classique » des studios Disney est l’un des meilleurs dessins animés du XXe siècle.

Forcément, l’adaptation avec décors (virtuels), acteur (unique), animaux (de synthèse), ne pouvait pas dépasser son matériau d’origine. Eventuellement, on aurait pu s’attendre à une histoire plus proche des nouvelles de Rudyard Kipling (il y a de sacrés différences sur certains personnages). Mais Disney n'a jamais cherché la fidélité à l’œuvre littéraire. La seule ambition est de mettre au goût du jour et d’exploiter son patrimoine.

Nos retrouvailles

Aussi, ce Livre de la Jungle ressemble beaucoup au film d’animation, sorti il y a près de 50 ans. Si l’acteur qui incarne Mowgli a la même bouille (exploit de casting), quelques cicatrices et blessures en plus (pour le « réalisme »), il est aussi le maillon faible de cette production divertissante et spectaculaire. On a vu des gamins mieux jouer. Pour le reste, les moyens sont là et le récit toujours aussi entraînant. Shere Kahn, Bagheera, Kha, les loups, les éléphants, les singes : le peuple de la jungle est crédible (même si on sent parfois leur irréalité informatique). Evidemment il y a aussi Balou, ours mal léché. Stylisé pour en faire un plantigrade sympa dans le dessin animé, ici, en véritable ours brun, il perd en bonhommie mais gagne en crédibilité. L’anthropomorphisme fonctionne (c’est l’ADN des livres après tout) et le tout se vit comme l’odyssée d’un gamin, avec ses étapes, ses rencontres, son parcours initiatique et ses obstacles.
Dans ce zootopia, les félins tiennent la quand même la vedette. Tigre borgne tyrannique (il est boiteux chez Kipling, en bonne santé dans la version animée) et panthère noire autoritaire se partagent les plus beaux duels.

Quelques variantes bienvenues

Ne boudons pas notre plaisir. Car ce Livre de la Jungle est, de loin, pour le moment, la meilleure adaptation / remake des studios Disney dans le genre. En noircissant le Royaume des Singes avec un Roi Louis plus inquiétant que joyeux, en amenant un peu d’authenticité à cette fable morale naturaliste, et en faisant quelques clins d’œil à l’œuvre littéraire (la ruée des buffles qui manquent d’écraser Shere Kahn), Jon Favreau a quand même voulu apporter une patte plus singulière. Il construit ainsi sa narration à la manière d’un traditionnel film d’action, avec des pauses et des exploits pour ponctuer l’aventure, et nous mène, avec un certain sens du crescendo vers un final où chacun des héros va essayer de vaincre le vilain (pauvre tigre traumatisé par les Hommes et, à l’instar d’un Magneto dans les X-Men, refuse leur simple présence sur son territoire).

Il y a ce qu’il faut de violence et de brutalité (le film est déconseillé pour les moins de dix ans), de moments bucoliques et catastrophes naturelles. Mais surtout, Le Livre de la jungle (dans une jungle garantie sans insectes), qui finalement n’est que la revanche du fils sur l’animal qui a tué ses deux pères, loin des récents films animaliers, ne cherche pas à devenir un King Kong pour enfants ou un Deux frères mélodramatique. Au pire, on pourrait y voir un cousinage avec Tarzan (d’autant que la fin diffère de celle du dessin animé et amène à cette comparaison).

Tout pour être heureux

Il s’accroche à sa nature profonde : une épopée hors du temps où chaque espèce est égale. Bien sûr, l’Homme est un peu plus malin et possède le feu (la fleur rouge). Bien sûr, il est naturellement l’élu des animaux par ses victoires. Cela déplaira aux « spécistes ». Cela reste un conte. D’autant que Disney a conservé les deux chansons légendaires du film : celle de Balou sur le bonheur et celle du Roi Louie, sur l’ambition. Cette dernière, si elles t bizarrement amenée dans un contexte de tension dramatique (alors qu’elle swingue de manière assez légère) est interprétée avec jouissance par Eddy Mitchell en version française. Deux parenthèses enchantées qui ne doivent pas masquer le travail musical très subtil du film, où l’on reconnaîtra la bande originale initiale à travers quelques notes dan une partition assez ensorcelante.
En s’imposant autant de contraintes, le studio et le réalisateur auraient pu être étouffés dans leur projet. On constate que ce Livre 
vincy

 
 
 
 

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