Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Fritz Bauer, un héros allemand (Der Staat gegen Fritz Bauer)


Allemagne / 2015

13.04.2016
 



LE PRIX DE LA VÉRITÉ

Le livre Bye Bye Bahia



"Franchement, suis-je un ennemi de notre pays?"

Le cinéma allemand (en tout cas celui qui arrive sur les écrans français) n’en finit pas de revisiter son histoire, des années pré-IIIe Reich aux années 1970. Le trauma laissé par Hitler et la plaie ouverte par la division du pays fournissent une source d’inspiration sans fin pour les cinéastes. Et reconnaissons que l’histoire de Fritz Bauer (incarné par un formidable Burghart Klaussner (Good Bye Lenin !, The Reader, Le Pont des espions) est passionnante. On peut alors regretté le parti-pris d’une mise en scène classique voire académique. Ce qui n’enlève rien à son efficacité. Véritable enquête doublée d’une traque, le scénario de ce biopic est presque un hommage à ce juif homosexuel (ça a son importance même si c'est sans doute l'aspect le plus maladroitement traité dans le film) déporté qui n’a pas voulu oublier ses bourreaux.

L’homme dérangeait. Le système voulait panser les cicatrices. La raison d’Etat ordonnait une sorte de réconciliation. Or le combat personnel de Fritz Bauer va ressembler à un périlleux périple qui le conduira dans une solitude extrême et vers une mort encore mystérieuse aujourd’hui. A ce sujet, le titre allemand - Der Staat gegen Fritz Bauer – montre bien que l’héroïsme de Bauer est d’avoir combattu l’Etat allemand. Ça aurait pu être un film complotiste (de la CIA au FIS, tout le monde semble être contre lui), mais c'est davantage que cela.

C’est à cela que serve les bons biopics : faire ressurgir les morts que l’Histoire veut oublier, comme lui s’obstinait à poursuivre Eichmann pour que l’Allemagne soit confrontée à sa terrifiante responsabilité. Il y a un côté film d’espionnage. Un peu vintage, avec une esthétique nostalgique d’une époque. Mais ce vernis un peu lisse n’empêche pas le récit de s’offrir gracieusement une belle critique du « miracle allemand » et la face obscure de cette renaissance de l’après guerre. E devant chercher des soutiens extérieurs, Fritz Bauer montre déjà les limites d’une future super-puissance qui assume une forme d’impuissance politique et un déni en forme de déculpabilisation.

Ce n’est pas la première fois que le cinéma allemand démontre que le pays a cherché à fuir son atroce histoire. Mais en éclairant de manière plus franche les zones d’ombres de cette période, il se distingue des autres.
Si le fond est donc un peu différent, il est regrettable que la forme ne s’offre pas plus d’audace. Un paradoxe qui ne gâche cependant pas ce pamphlet historique et ce drame où le suspens nous tient en haleine grâce un récit bien structuré et des comédiens impeccables.
 
vincy

 
 
 
 

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