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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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La Saison des femmes (Parched)
/ 2015
20.03.2016
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THE GOOD WIVES
- C'est toujours des femmes dans les insultes… Enfoiré de son père !
- Enfoiré de son fils !
Attention, énorme pépite en vue ! Pour son troisième long-métrage, la réalisatrice indienne Leena Yadav s'attaque à un sujet sensible : le poids des traditions dans la société dont elle issue. Plus encore, son nouveau film qui sent bon l'engagement va jusqu'à remettre en question le système patriarcal établi depuis des décennies. Promis, vous n'en sortirez pas indemne !
Bonheur et violence
Dans un village fictif de l'Ouest de l'Inde, Rani, veuve à l'âge de quinze ans, cherche une fiancée pour son jeune fils. Elle peut compter sur l'aide de Lajjo, sa meilleure amie battue par un mari alcoolique selon qui elle serait stérile et Bijli, une amie d'enfance persuadée que la prostitution est une manière d'être indépendante. Enfin, il y a Janaki, la jeune fille qui sera amenée à épouser le fils de Rani. Pendant deux heures, La Saison des femmes croise le destin de ces quatre femmes qui vont briser tabous sur tabous !
A commencer par la violence propre aux foyers indiens. Parce que mariés très tôt, les jeunes couples sont souvent contraints de vivre ensemble sans jamais avoir eu le temps d'apprendre à se connaître et encore moins de s'aimer. Contraints d'accomplir rapidement un "devoir conjugal" pour lequel ils ne prennent que peu de plaisir, les époux ont tendance à fréquenter les bordels. Lieux honteux et salvateurs à la fois, ils permettent à certains d'exorciser certains de leurs démons. Quant aux autres, seules la violence et la boisson les attendent.
Et dans une volonté d'être la plus authentique possible, Leena Yadav ne nous épargne rien. Oh ça non ! Scènes de violence domestique, d'abus ou carrément de viol collectif, la réalisatrice de Shabd et Teen Patti n'y pas de main morte et nous remue avec une constance épatante. Cris, larmes, coups, à aucun moment le spectateur n'a le temps de s'ennuyer. Ce qui n'empêche pas ce dernier d'attendre un happy end qui viendra dans la douleur !
Féministe et féminin
Sans le faire exprès, Leena Yadav livre avec La Saison des femmes un film hautement féministe. Bien que persuadée qu'un homme peut écrire un très bon film sur les femmes (elle cite Almodovar et Allen), la scénariste de 45 ans réalise tout de même un film à la portée internationale et multiculturelle. Parce qu'il n'est pas nécessaire d'être indien(ne) pour comprendre ce que traversent ces quatre héroïnes, La Saison des femmes transcende son statut de "film indépendant indien" pour devenir un hymne à l'égalité. Ou du moins à plus de liberté !
Prix du jury et prix collectif d'interprétation féminine au dernier Festival 2 Valenciennes, La Saison des femmes marque l'esprit par le contraste qui est fait entre la cruauté à laquelle les femmes indiennes font quotidiennement face et toutes ces couleurs pop qui réchauffent le cœur. Sans jamais faire dans le larmoyant, Leena Yadav parvient à redonner espoir à quiconque l'aurait perdu. Même les quatre femmes qui tentent de (sur)vivre dans un monde de brutes gardent le sourire et parviennent à tout relativiser.
Parfois tourmenté, parfois psychédélique, La Saison des femmes est sans aucun doute le film indien de l'année. Réservé à un public averti (certaines scènes peuvent choquer), ce drame est à la fois sensuel, fort et poignant. Servi par une distribution extrêmement bien choisie et composée d'acteurs indépendants, ce petit film est en réalité un petit bijou. Pour la musique, le "style indien" du montage et son engagement, La Saison des femmes se voit, se savoure, se recommande ! wyzman
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