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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Mr. Holmes
Royaume Uni / 2015
04.05.2016
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MAISON DE RETRAITE
« La fiction ne vaut rien »
Variation autour d’un thème archi-rabâché : Sherlock Holmes. Nonagénaire et apiculteur, le détective constate que sa mémoire s’efface. Un peu désagréable, obsédé par ses abeilles, sans pipe ni chapeau « deerstalker », Sherlock Holmes s’offre à nous sous un autre jour. Le crépuscule d’un héros est un sujet intéressant, surtout quand on ne le glorifie pas. Tout est dans les détails. Le réalisateur Bill Condon s’attache à filmer le quotidien d’un personnage mythique, loin des conventions habituelles. Il en fait un petit vieux comme les autres. C’est évidemment quand il fait référence à son passé prestigieux (avec des objets, des pensées qui ressurgissent d’un autre temps) que le film déploie tout son charme.
Car pour le reste, on est assez indifférent à la dernière affaire de l’enquêteur, même si elle relie l’exotique Japon à un manoir du Sussex à travers quelques décennies. Vieil homme célibataire, Sherlock cherche à résoudre une énigme qui le hante alors que ses souvenirs s’estompent et se brouillent mais aussi à transmettre son savoir, son don ?, au fils de sa gouvernante.
Mr. Holmes apparaît alors comme le portrait subtil d’une vieillesse et d’un déclin. Sa relation touchante avec le gamin et piquante avec la mère produit souvent les meilleures scènes du film. Hélas la narration est alourdie par ces « flash-backs » au Japon et un esprit cartésien (juste les faits) qui sied mal à l’errance psychologique que subit le presque sénile Sherlock. Ian McKellen, évidemment brillant, lui apporte toutes les nuances nécessaires, de l’obstination à la vulnérabilité, de la détresse à l’espoir. Il en est presque pittoresque tellement il manque de tact.
Finalement l’affaire est comme un MacGuffin hitchcockien : elle n’est pas indispensable, en plus de déséquilibrer le récit. On garde plutôt en mémoire ses passes d’armes en regards et en mots entre Sherlock et son entourage. On retient surtout la tristesse insondabled’un homme qui fut autrefois grand et qui est réduit à sa condition de retraité inutile. Bill Condon aurait sans doute renforcé son film en le rendant moins bucolique et plus dépressif. Après tout Mr Holmes est comme un testament où la fiction et les sentiments sont plus passionnants que la réalité et la logique. vincy
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