Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



Ailleurs
Calamity, une enfance de Martha Jane Cannary
Effacer l'historique
Ema
Enorme
La daronne
Lux Æterna
Peninsula
Petit pays
Rocks
Tenet
Un pays qui se tient sage



J'ai perdu mon corps
Les misérables
The Irishman
Marriage Story
Les filles du Docteur March
L'extraordinaire voyage de Marona
1917
Jojo Rabbit
L'odyssée de Choum
La dernière vie de Simon
Notre-Dame du Nil
Uncut Gems
Un divan à Tunis
Le cas Richard Jewell
Dark Waters
La communion



Les deux papes
Les siffleurs
Les enfants du temps
Je ne rêve que de vous
La Llorana
Scandale
Bad Boys For Life
Cuban Network
La Voie de la justice
Les traducteurs
Revenir
Un jour si blanc
Birds of Prey et la fantabuleuse histoire de Harley Quinn
La fille au bracelet
Jinpa, un conte tibétain
L'appel de la forêt
Lettre à Franco
Wet Season
Judy
Lara Jenkins
En avant
De Gaulle






 (c) Ecran Noir 96 - 24


  



Donnez votre avis...


Nombre de votes : 18

 
Diamant noir


France / 2016

08.01.2016
 



BLOOD TIES

Le livre Bye Bye Bahia



«- Tu es pas chez toi, ici. »

Diamant brut que ce Diamant noir. Il est rare qu’un polar français soit aussi bien écrit, découpé et interprété de manière impeccable. Le premier film d’Arthur Harari impressionne même par l’exigence de sa mise en scène. Dès le premier plan, on est happé par cette histoire de diamantaire, fasciné par la beauté de la pierre, effrayé par le cri de douleur animal d’une main qui se fait broyer.

Mais c’est bien dans sa manière de nous manipuler que le cinéaste entend nous mener. Sorte de survival aux héros fatigués, le film se veut aussi précis que le ciselage d’un diamant. Au fur et à mesure de l’accélération du tempo, du brouillage des pistes, de la complexification du récit, on comprend que cette histoire de vengeance (et d’héritage) est une histoire de sang : celui qui irrigue l’oeil épuisé à scruté l’infiniment petit, celui d’une main qui peut être charcutée par une machine, celui qui coule dans les veines, et son ADN qui va avec.

Le film porte bien son titre : c’est un diamant dans la production actuelle, et il est noir, dans son genre. Ce n’est pas un simple exercice de style mais bien une manière de rendre hommage au cinéma en faisant du cinéma, loin d’un formatage préconçu pour la télévision. Comme un diamant, le film a plusieurs facettes, hypnotise parfois, et garde son mystère. Car c’est étouffant, intense, pervers, ambiguë. Un jeu de miroir où l’on ne sait plus distinguer le reflet original et même celui qui s’y reflète.

Bourré de références, de rebondissements, et sans temps morts, il nous happe très vite avec son mélo-polar familial anversois aux influences américaines. Peut-être que l’aspect cinématographique et kaléidoscopique nous aveugle. Mais on veut croire qu’un grand cinéaste est né. A moins qu’il n’est mis toute sa ferveur dans ce premier film. Il y a dans son intention, cependant, un désir de prouver que l’émancipation n’est pas un fleuve tranquille et que la liberté peut coûter cher. Le danger était quand même de se piéger dans un scénario trop habile et une réalisation trop construite. Pourtant, de cette noirceur, la lumière jaillit et la les sentiments sont bien en chair. Le casting n’y est pas étranger. A commencer par le beau Niels Schneider, qui prend enfin du corps et des épaules, éphèbe blond muant en prince shakespearien, et sublime incarnation d’un homme un peu maudit, dont la jeunesse n’empêche pas son personnage d’exister et de s’imposer au milieu d’une troupe qui compose autant d’obstacles à sa quête. La gravité sombre lui sied bien et illumine, paradoxalement, ce clan obscur qui l’entoure.

Avec tous ses éléments, Diamant noir prouve qu’un film européen peut être à la hauteur de ses maîtres américains. Entre James Gray et Jean-Pierre Melville, ce film de « voyous » sur les liens du sang et sur un « sans rien », prouve qu’on peut encore fasciner avec un cinéma qui ne cherche pas à revisiter un style mais, au contraire, a son style (singulier) en cherchant une certaine préciosité. Avec précision.
 
vincy

 
 
 
 

haut