Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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La Loi de la jungle


France / 2016

15.06.2016
 



PAYS DE COCAGNE ?





C’est le nouveau grand projet de la France : construire une station de ski indoor avec de la neige artificielle en Guyane, là où d’ailleurs personne ne voyage pour faire du ski. L’idée est bien évidement complètement absurde puisque là-bas c’est le règne du soleil tropical. Le jeune stagiaire, déjà vieux et qui perd ses cheveux, Marc Châtaigne, n’a pas le choix puisque c’est le dernier poste qu’il reste au ministère de la Norme où il voudrait travailler : d’ailleurs inutile de protester puisqu’on lui rappelle que « La Guyane c’est la France ». De toute façon comme un huissier aux méthodes musclées fait de son appartement une ruine, autant y aller. Sa mission sera de certifier les travaux conformes aux multiples normes européennes, et « si ce n’est pas aux normes, ça sera aux normes compris ? ». Voici donc un improbable stagiaire envoyé dans La loi de la jungle à la façon du facétieux Antonin Peretjatko…

Après la belle surprise de son premier long-métrage La fille du 14 juillet en 2013, le réalisateur continue dans la même voie, celle d'un humour barré, en décalage avec notre époque. Antonin Peretjatko est un cinéaste d'une génération et d'un certain style tels Justine Triet, Yann Le Quellec, Sébastien Betbeder... Avec peu ou prou les mêmes acteurs, et notamment leur "muse" Vincent Macaigne, cette sorte de ‘nouvelle Nouvelle Vague’ mélange les codes de l'air du temps et l'esprit d'un cinéma libéré (par la technique comme par le ton). Quoiqu’il en soit, cette fois Antonin Peretjatko quitte Paris et un certain parisianisme pour aller en Guyane : une distance qui est l’occasion de parler de la France avec plus de distanciation et surtout un nouveau terrain de jeu qui permet un humour surréaliste bien plus drôle.

Les comédies françaises les plus récentes ont surtout tiré sur la corde d’un humour de la ‘vanne’ avec des ‘punchlines’ pour se moquer souvent des autres et parfois de soi. Pour trouver une comédie à base d’un humour rigolo tout en étant déjantée, il faut peut-être revenir à Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre de Alain Chabat en 2002 ou OSS 117 : Rio ne répond plus de Michel Hazanavicius en 2009… Sans atteindre ce niveau de subtile drôlerie, Antonin Peretjatko est parvenu à réunir les meilleurs ingrédients dans La loi de la jungle : des gags visuels presque toutes les 5 minutes (autant destruction de tout le décor que chute en arrière-plan), des blagues qui deviennent des running-gags (piqûre dans le cou, le mot ‘fin’ qui réveille après un rêve), et des dialogues qui n’hésitent pas à bousculer certains clichés en "isme" (racisme, machisme, colonialisme).

« La durée de vie dans la jungle pour celui qui ne la connait pas est de 3 jours »

Le duo du maladroit coincé avec l’inénarrable Vincent Macaigne et de la belle sauvage avec l’ouragan Vimala Pons n’a rien en commun ni rien du tout pour se plaire. Se retrouver perdus dans la jungle va bien évidement les faire se rapprocher. Vimala Pons est une belle liane dans la jungle dont elle a fait son élément : elle mange des insectes, elle sait installer des branchages pour dormir dans un arbre et elle sait se bagarrer comme dans les nanars, elle est donc irrésistible. Vincent Macaigne était tout de même un peu enfermé dans son personnage de loser dépressif malheureux (La bataille de Solférino, Tristesse club, Une histoire américiane…), il trouve enfin un personnage plus positif : toujours victime des circonstances mais combattant l’adversité et même un peu séducteur. Les mésaventures de Vincent Macaigne et Vimala Pons tout au long du film (et elles sont autant improbables que très nombreuses) les rapprochent d’un autre duo mythique de comédie française d’antan : ici ils représentent un peu les nouveau Pierre Richard et Jane Birkin (dans La moutarde me monte au nez et La Course à l'échalote de Claude Zidi en 1974 et 1975…), et leur alchimie presque contre-nature est tout à fait drôle et charmante.
La loi de la jungle démarre un peu comme un film à sketchs qui fait aller ses personnages d’un endroit à un autre, d’une situation abracadabrante à une autre. Et même si le rythme s’essouffle à un moment (parce que le duo tourne en rond perdu dans la jungle entre guérilleros et tribu sauvage..) il y a régulièrement une bonne idée de gag qui fait sourire tout du long. Comme le dit fort justement la bande-annonce, “si vous aimez la tendresse ou si vous méritez des baffes, ce film est fait pour vous”.
 
kristofy

 
 
 
 

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