Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Tarzan (The Legend of Tarzan)


USA / 2014

06.07.2016
 



LA LÉGENDE DE L'ENNUI





"Votre moustache est plus courte à gauche."

Alors que l'été s'annonce particulièrement morose et en attendant son Suicide Squad, Warner Bros. a décidé de dégainer son live-action de Tarzan, deux ans après son tournage. Simpliste et prévisible, le nouveau film de David Yates n'impressionne pas. Vraiment pas. Pourtant le seigneur de la jungle, hors Disney, était absent depuis 23 ans (Greystoke avec Christophe Lambert) : il y avait de quoi faire...

Entre réécriture et simple adaptation

Comme toute adaptation de l'œuvre d'Edgar Rice Burroughs (l'auteur de Tarzan chez les singes), ce Tarzan tente de s'affranchir de ce qui a déjà été fait en proposant une version "moderne" de l'œuvre. Conscient que le public connaît déjà les grandes lignes de la vie de ce personnage, le scénario écrit à 8 mains tente de s'ancrer dans une histoire très présente. En d'autres termes, l'enfance de Tarzan n'est pas ce qui va nous faire palpiter (résumée en flash-backs assez clichés). Et il est vrai que ce sont finalement ses combats d'homme responsable qui pourraient bien valoir le détour.

Marié depuis une dizaine d'années à Jane (Margot Robbie en fille de l'Afrique ultra-féministe mais néanmoins très romantique), Tarzan vit désormais à Londres et se fait appeler Lord John Clayton III. Par chance, les manigances du capitaine Rom (Christoph Waltz, égal à lui-même au point qu'on en devient assez blasé) et la soif de vengeance du chef Mbonga (Djimon Hounsou, méconnaissable et caricatural) vont le faire revenir au Congo pour quelques plongeons dans les arbres. Franchement bâclé, le scénario de ce projet à 180 millions de dollars n'est clairement pas le principal intérêt du film. Parce que tout effet de surprise est absent de Tarzan, nous pourrions vous le vendre comme un divertissement sympathique. Mais nous n'en ferons rien.

Persuadés que tout est acceptable dans un film censé se dérouler à la fin du 19ème siècle, Stuart Beattie, Craig Bewer, John Collee et Adam Cozad prennent le spectateur pour un abruti et lui serve une soupe loin d'être chaude. Ils ont beau avoir repris deux ou trois grandes lignes de quelques romans de Burroughs, fondé leur récit sur des faits historiques réels, tout s'avère superficiel et trop prévisible.Tarzan est un homme animal. Tarzan vaut mieux que toute une tribu. Tarzan est le protecteur des animaux. Tarzan est un homme avec des principes. Tarzan fera tout pour Jane. Bref, Tarzan est comme dans les 45 films qui ont précédé celui de David Yates et on s'ennuie.

Des personnages secondaires en roue libre

Parce que l'intrigue principale n'a rien de novatrice (un homme veut revendre des diamants pour acquérir du pouvoir), le spectateur pourrait trouver du réconfort auprès des personnages secondaires. Cela n'arrivera pas dans Tarzan ! La raison ? A aucun moment lesdits personnages n'intéressent vraiment. Samuel L. Jackson qui joue George Washington (!) Williams nous sert à nouveau sa performance de black buddy proche des réalités mais aux conflits intérieurs importants. Margot Robbie qui incarne Jane est littéralement jaune et juste jolie à regarder comme ces héroïnes des années 1950.
Quant à Christoph Waltz, il est encore et toujours un sociopathe déconnecté de la réalité. De Inglorious Basterds à Spectre en passant par Django Unchained, il a encore et toujours le même rôle ! Enfin, il y a le cas épineux de Djimon Hounsou… Après Blood Diamond, Les Gardiens de la Galaxie et Fast and Furious 7, nous pensions le voir dans un rôle intéressant. C'est encore et toujours raté !

Un visuel déplorable

Truffé d'effets spéciaux, Tarzan a le même problème que d'autres films du genre. En effet, à l'instar de Green Lantern, Au cœur de l'océan ou encore Batman v Superman, Tarzan a l'air d'avoir été entièrement tourné devant un fond vert (les paysages africains semblent même photoshopés). Et ce n'est vraiment pas pour nous plaire. Eh oui, à quoi bon engager le très musclé Alexander Skarsgård sortant de sa salle de gym, et le forcer à courir en pantalon taille basse si c'est pour finalement le remplacer par un double numérique dans les scènes d'action ? La question est posée. Il a l'expression d'un Batman et semble juste avoir été engagé pour exhiber son torse et ses biceps (tout est très pudique sinon). Le seigneur de la jungle a plus d'angoisses que de traumas. Encore faut-il les exprimer.

Entre animaux psychologisant et humains philosophant, on se retrouve piégés dans une dialectique très simpliste. Et ce n'est pas le propos anticolonialiste (appuyé) et l'aspect féministe (mesuré) qui va sauver un scénario où les africains ont quand même besoin d'un homme blanc pour les sauver d'autres hommes blancs, où ces mêmes africains sont tous sculptés pour les jeux olympiques et où les européens s'approprient tous les dialogues du film. C'est bien de se donner bonne conscience (l'esclavagisme, le génocide des amérindiens, l'exploitation des terres conquises par la force, la femme qui sait décider sans un mâle), c'est mieux quand on va jusqu'au bout de ses idées.

Trop sombre en 3D, Tarzan n'a finalement pour lui que ces quelques plans d'ensemble où la fumée est reine et s'insinue partout. Un chouïa trop stylisé au moment des scènes de combat, ces dernières devraient ravir les moins exigeants d'entre nous. Elles sont souvent trop furtives, mal agencées. Il faut un déferlement d'animaux sur une ville pour donner un peu d'ampleur. Et encore, c'est tellement numérisé qu'on n'y croit plus trop. À l'inverse, la bande originale pue la naphtaline.

En définitive, Tarzan est de ces films dispensables dont l'année 2016 regorge malheureusement. Longuet et invraisemblable, le générique de fin plaira à tous !
 
wyzman

 
 
 
 

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