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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Juillet août
France / 2016
13.07.2016
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L’HEUR D’ETE
"Rien n’est si grave tu sais, rien ne nous tue vraiment"
Juillet août, c’est exactement le film dont on a besoin cet été : une chronique familiale estivale et romanesque qui se distingue par son ton résolument choral (les adultes et les ados existent au même titre, chacun avec ses fêlures et ses secrets, ses doutes et ses choix) et sa douceur de vivre mêlant humour, complicité et promesse d’aventures. Diastème évite ainsi le film initiatique adolescent convenu pour explorer la parenthèse enchantée de l’été, ce moment de l’année où tout semble tourner au ralenti, où tout est possible, et dont on attend souvent beaucoup, si ce n’est trop, comme si ces deux mois ensoleillés avaient le pouvoir de changer nos vies. Pour tous les personnages, il s’agit donc d’un moment charnière où chacun doit composer avec ses secrets, ses espoirs, et ceux des autres, mais aussi prendre un nouveau tournant.
Le scénario, très fluide, privilégie les ellipses et préfère reléguer les scènes d’explications hors champ, ce qui permet une belle dynamique narrative, renforcée par l’énergie communicative de la mise en scène qui fait la part belle aux plans filmés caméra à l’épaule. De cette manière, tout ce qui est important est suggéré plus que montré, des relations fortes qui unissent les différents membres de la famille au caractère de chacun, en passant par les ressorts dramatiques de l’intrigue. Le réalisateur joue également beaucoup des effets de montage, juxtaposant avec gourmandise des plans qui suffisent à dire la tendresse des rapports ou la cocasserie des situations.
A cette subtilité de la construction s’ajoute l’excellente idée musicale de Diastème qui a fait appel à Alex Beaupain pour écrire des chansons ultra-simples et touchantes, joliment mises en musique par Frédéric Lo, et interprétées avec légèreté par Jérémie Kiesling. Sans épouser le point de vue d’un personnage en particulier, elles ponctuent l’histoire avec justesse et confirment la sensation d’universalité qui se dégage du film en mettant des mots de tous les jours sur les sentiments à la fois banals et ultra-forts qui hantent le film (l’amour, le manque, la mélancolie…).
A l’unisson de cette belle harmonie, le casting est déroutant de naturel et de charme. Les deux adolescentes (l’indomptable Luna Lou, la très sensible Alma Jodorowsky) sont plus vraies que natures, sans s’enfermer dans les stéréotypes d’une jeunesse en perpétuelle révolte face aux adultes, tandis que les parents (Pascale Arbillot, fragile, Patrick Chesnais, dérouté, et Thierry Godard, à fleur de peau) existent par eux-mêmes, et pas seulement par le prisme de leur fonction parentale. Non seulement on croit à cette famille décomposée-recomposée, qui fonctionne plus bien que mal, mais on croit également à chaque personnage en tant qu’individu à part entière. Dans un genre de cinéma "familial" qui a tendance à rester en surface, voire à ne s’embarrasser ni de subtilité, ni d’inventivité, c’est suffisamment rare pour être salué, voire montré en exemple. Comme quoi non seulement la qualité et l’intelligence ne coûtent pas plus cher, mais elles n’empêchent pas non plus légèreté, humour et ton résolument grand public.
MpM
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