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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Rio 2096 : une histoire d'amour et de furie
Brésil / 2013
27.07.2016
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LA VIE EST UN SPORT DE COMBAT
"Chaque jour, sans le remarquer, nous luttons pour quelque chose. "
Trois ans après avoir obtenu le Cristal du long métrage à Annecy, Rio 2096 du Brésilien Luiz Bolognesi arrive opportunément sur nos écrans au moment où tous les yeux se braquent sur le Brésil à l'occasion des jeux olympiques. Alors que le pays traverse une (nouvelle) grave crise politique dans une indifférence internationale assez générale (destitution de Dilma Rousseff en mai dernier, assimilée par beaucoup de Brésiliens et d'observateurs à un coup d'état), le film revisite de manière fantastique, et un peu mystique, l'histoire du Brésil des 5 derniers siècles. À très grands traits, il revient sur d'importants moments de friction entre le peuple brésilien et ses différents oppresseurs, des colons portugais à la dictature militaire.
Dans cette allégorie transparente du cycle éternel du bien et du mal, le récit semble d'abord profondément démoralisant, car le mal réapparaît sous des formes différentes à toutes les époques, donnant l'impression que le combat est perdu d'avance, ou sans fin. Mais au fil du film, on peut aussi en faire une lecture plus optimiste, dans la mesure où face à chaque situation d'oppression, des gens de bien se dressent pour résister ou combattre. L'Histoire fait alors l'effet d'un pas de deux destiné à se répéter indéfiniment pour maintenir une forme d’équilibre précaire éternellement à réinventer.
L’histoire d’amour qui se greffe sur cette lutte acharnée du héros pour accomplir son destin de protecteur et sauveur de son peuple n’empêche pas le scénario d’aller vers une tonalité sombre (les exactions des différents oppresseurs sont exposées sans détour), voire vers une violence à peine stylisée. Dans ces séquences, l’animation se fait plus frénétique, dans une virtuosité de mouvements et de teintes aussi esthétique que brillante. On est forcément conquis par l’intelligence générale du film qui délivre un message à la portée universelle, sans se priver du plaisir de l’action et du divertissement. Et lorsque la dernière partie imagine un monde futuriste dans lequel l’eau potable est devenue une denrée rare et rationnée, réservée aux élites, il ne s’agit plus seulement d’un regard acéré sur les erreurs du passé, mais d’une vision prémonitoire des possibles conséquences à venir. Une histoire d’amour et de furie, donc, mais avant tout celle de la race humaine, perpétuellement prise dans le grand balancier de l’Histoire.
MpM
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