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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Elvis & Nixon
USA / 2016
20.07.2016
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SUSPICIOUS MINDS
«- Tu crois que j’aurai pu exister en URSS ? Sûrement pas ! »
Avec Elvis & Nixon, Liza Johnson réalise une comédie aux allures de satire à partir d’un fait réel méconnu : la rencontre entre le « King » du divertissement, Elvis Presley, et du Président, chef du monde libre, Richard Nixon. L’un est adulé quand l’autre divise profondément l’Amérique. De Graceland au Bureau ovale, tout se joue en quelques jours.
Ici, la politique est une farce et l’icône un clown. Cela enlève certainement de la profondeur au propos. Avec ces effets un peu tocs à la Soderbergh (façon Ocean’s 11), son esthétique vintage seventies (on repense alors à Soderbergh avec son biopic Ma vie avec Liberace) et une volonté de rester en surface tout en retraçant cette rencontre historique improbable (à la manière d’un suspens : aura-t-elle lieu ? que s’y passera-t-il ?), Liza Johnson manque de singularité mais pas d’efficacité.
Si aucun des deux monstres ne ressemble vraiment à leur modèle, ils excellent dans la personnification. Ils incarnent en fait leur statut : Michael Shannon, extra en superstar impulsive, capricieuse, allumée, au dessus des lois et des réalités, entre gamineries immatures et fantasmes du monde adulte ; Loin d’House of Cards, Kevin Spacey, qui fait bien Nixon, en homme intelligent, parfois stupéfait, souvent amusé, et clairement complexé.
Leur rencontre aurait sans doute gagné à être plus marquante, mieux écrite, mais le duo « matche » bien. Le film recèle surtout de quelques scènes cocasses même si la cinéaste n’ose jamais aller plus loin que l’idée elle-même. Elle semble plus à l’aise avec l’absurde et le second degré. Si les dialogues percutent et tout semble aussi loufoque qu’une séquence du « Petit Journal », Elvis & Nixon montre aussi à quel point un protocole bien huilé peut être déréglé par les délires d’un homme. Il suffit d’avoir la foi. A contrario, on sent que le film manque de confiance en lui, préférant une histoire romantique convenue en parallèle plutôt que d’approfondir son regard observateur sur cette période, optant pour quelques personnages pittoresques anodins plutôt que décrypter le contexte qui aura conduit à la photo culte d’un président mal aimé avec un rockeur adoré. Leur chant du cygne : Nixon sera évincé en 1974 et Presley commencera à décliner en 1973.
vincy
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