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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Parasol
Belgique / 2015
10.08.2016
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LES VACANCES POUR LES NULS
"Et j'ai pas le droit à mon bisou ?"
Annoncé comme une comédie, le Parasol de Valéry Rosier est loin d'être aussi drôle que prévu. Vous êtes prévenus.
Mauvaises rencontres et échecs multiples
A Majorque, trois personnages font face à leur solitude. Il y a tout d'abord Alfie, jeune Anglais qui cherche des amis et un amour de vacances. Puis Péré, un conducteur de train touristique qui n'arrive pas à joindre les deux bouts et à impressionner sa jeune fille. Enfin, il y a Annie, une septuagénaire qui est venue rencontrer un internaute dont elle est amoureuse. A eux trois, ils vont enchaîner les galères comme cela est rarement permis.
Sans surprise, le second long-métrage de Valéry Rosier sent bon l'expérience. Les cadres sont bien choisis, le scénario est on ne peut plus cohérent et les acteurs ont ce petit quelque chose de tellement crédible qu'ils dérangent. Et c'est parce qu'ils sont si bons que les personnages qu'ils incarnent font autant de peine à voir. A commencer par Alfie qui veut prouver à ses parents qu'il peut survivre à des vacances en solo et se retrouve embarqué dans des plans étranges et violents et dont il sort difficilement indemne.
A côté, Péré enchaîne les bourdes malgré tous ses efforts. Son karma est mauvais, vraiment mauvais et rien y peut. Quant à Annie, comment ne pas compatir à ses malheurs ? Elle est seule, vieille, pas forcément très belle et un homme semble intéressé. Pourquoi ne pas l'encourager à le rencontrer ? Malheureusement, et comme on ne le sait que trop bien, les "rencontres Internet" réservent pas mal de surprises.
Summertime sadness
L'une des caractéristiques de Parasol c'est finalement sa mélancolie pleinement assumée. De ses plans moyens sur les personnages en pleine contemplation à cette bande originale d'un autre temps en passant par ses dialogues qui évoquent régulièrement le passé, Parasol montre à quel point il peut être difficile de prendre des décisions sensées lorsque l'on est en vacances. Les trois personnages réfléchissent à leur avenir, tentent d'esquisser quelque chose mais sont incapables de passer outre ce qu'ils ont déjà vécu et tant aimé.
Mais à force de chercher ce qui pourrait bouleverser leur quotidien, ils finissent forcément par faire n'importe quoi. A l'image de Péré qui, pour faire plaisir à sa fille, décide de lui offrir une nuit dans un hôtel. Mais n'ayant pas les moyens de payer pour la nuit, ils devront s'enfuir tels des voleurs par les accès réservés au personnel. Situations gênantes, conversations ahurissantes ou comportements perturbants, les actions de Parasol sont lourdes de conséquences... mais pour la suite. Car le réalisateur de Dimanches et Silence radio a eu la bonne idée d'arrêter son film avant que la réalité ne rattrape ces personnages complètement paumés. Et après 1h15 de désarroi, on se dit que ne pas connaître la suite de leurs péripéties est le plus beau des cadeaux.
Sobre et empli d'un spleen contagieux, Parasol est de ces films faits avec quasiment rien mais qui laissent longtemps songeur. Lumineux dans sa photographie mais sombre dans son propos, le film de Valéry Rosier mérite chaque sélection et chaque prix remporté en festivals. Mention spéciale à son trio d'acteurs principaux qui, il faut le dire, sont l'essence même de Parasol.
wyzman
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