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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Moka
France / 2016
17.08.2016
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RETOUR DE BOOMERANG
"Tu sais, j'ai peut-être l'air moins sympathique que j'en ai l'air."
Après Elle s’appelait Sarah et Boomerang, l’univers mystérieux et émotionnel de Tatiana de Rosnay est de nouveau transposé à l’écran avec Moka. Là encore, tout part d’un imprévu accidentel. Mais au lieu de fouiller le passé obstruant pour en déterrer une forme de vérité libératrice, il s’agit ici davantage d’explorer ses propres limites.
Entre portrait chabrolien et suspens élégant hitchcockien, Moka est un duel presque théâtral qui confrontent deux femmes : le bourreau et la victime, dont les rôles, au fil du récit, vont s’inverser. Cette proximité entre elles, presque complices, amène une ambiguïté plus proche de l’inquiétude que de l’incertitude. Vengeance ou pardon, instinct animal ou raison ?
Autant Moka nous séduit par le jeu de ses deux actrices – Devos et Baye, qui insufflent des nuances subtiles à leurs personnages – autant la trame est un peu trop convenue pour nous emballer. Comme si le cinéaste n’avait pas su arbitrer entre un drame psychologique et un film noir rongé par le mal. Si Frédéric Mermoud s’en sort honnêtement, c’est en premier lieu grâce aux apports des deux comédiennes. Un jeu de regard, un sourire qui cache de la tristesse… Mais pas seulement,. Le fait qu’Emmanuelle Devos incarne une femme endeuillée qui n’a pas les réactions habituelles d’une mère meurtrie, même si elle est un peu paumée et désire se venger, ou que Nathalie Baye ne soit pas un monstre mais une femme ordinaire, aimable et attachante, contribuent énormément à la singularité de Moka.
Ceux qui ont vu Irréprochable, avec Marina Foïs, trouveront quelques similitudes. C’est d’ailleurs cette impression de déjà vu qui empêche le film de se distinguer complètement. On a beau être captivé, le rythme est parfois trop relâché à force d’osciller entre le traitement psychologique et la tension qu’il veut créer. Un peu atemporel, Moka tire un peu en « langueur » vers un final assez prévisible. On se fiche finalement assez vite de savoir si la proie va être tuée, après cette longue partie de chasse. Cependant, même si la production est assez banale, la mise en scène un peu trop simple, et l’atmosphère plus sentimentale qu’intrigante, le film se laisse voir avec plaisir. Sans doute la fragilité des deux femmes, pourtant très solides en apparence, et l’étrangeté de leurs rapports nous conduisent à cette affection un peu irrationnelle qui nous les font aimer.
vincy
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