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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Fronteras (A escondidas)
Espagne / 2014
31.08.2016
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QUAND RAFA RENCONTRE IBRA
"Les Arabes sont tous des voleurs, c'est ça ?"
Drame romantique et politique, le nouveau film du réalisateur espagnol Mikel Rueda est bien malgré nous une perte de temps. Explications.
L'amour, le vrai ?
A 14 ans, Rafa est un adolescent comme les autres. Il aime le sport, les jeux vidéo et les sorties avec ses potes. Mais le jour où il rencontre Ibra, Rafa se met à éprouver des choses qu'il ne devrait peut-être pas. Partagé entre son amour naissant pour le jeune marocain clandestin et l'influence de ses amis, Rafa tente de s'en sortir, quitte à finir blessé.
Qu'on se le dise, Fronteras aurait pu être des tas de belles choses. D'ailleurs, le film en contient certaines. Mais à la fin de la projection, la seule chose que l'on garde en mémoire, c'est cette impression de manque. Comme si le réalisateur et scénariste n'était pas allé jusqu'au bout. Le pitch du film est intéressant et donne envie d'en voir plus mais le film ne nous satisfait pas pour autant. Alors oui, cette idylle naissante fait chaud au cœur. Oui, on aime la manière dont les personnages principaux tentent de s'apprivoiser et de faire avec ce qu'ils ressentent l'un pour l'autre.
Mais on aurait davantage aimé que Fronteras nous présente les véritables répercussions d'un tel amour. Parce qu'en y repensant, c'est à se demander quel est le vrai propos du film. Est-il question d'une histoire d'amour ? Est-ce un film précisément sur une romance homosexuelle ? Ou est-ce juste un film politique (ou social si vous préférez) dans lequel deux personnages s'aiment et s'avèrent être du même sexe ? La question est posée mais ne trouve jamais de réponse.
Plus encore, nous sommes contraints de nous demander pourquoi Mikel Rueda n'est pas allé vraiment plus loin. Les personnages sont amoureux mais sont incapables de se l'avouer. Passion amoureuse il y a, mais elle n'est traduite que par un baiser furtif dans une salle de bains. Le film suggère que cette relation est interdite mais ne nous indique jamais vraiment pourquoi. Si l'on peut comprendre la réticence de Rafa et Ibra à communiquer avec leurs proches, rien ne nous assure qu'ils se seraient retrouvés face à une situation de rejet.
La preuve : le meilleur ami de Rafa (Guille) se fiche royalement de l'orientation sexuelle de son ami et vient s'excuser de ne pas l'avoir défendu au cours d'une altercation. En définitive, si le réalisateur assurait récemment qu'"en Espagne, deux garçons se tenant la main dans la rue ne sont pas toujours bien vus", son Fronteras ne va clairement pas dans ce sens !
Maladresses à répétition
Porté par deux acteurs (German Alcarazu et Adi Koukouh) que l'on a hâte de revoir ailleurs, Fronteras dispose d'un sérieux problème de montage. Pris par une envie de perdre son spectateur, le réalisateur de Izarren argia se permet de déstructurer la narration de son film pour créer des effets de miroir. Mais ça ne fonctionne pas ! Le spectateur passe plus de temps à se dire "Mais pourquoi il a foutu ce plan un peu plus tôt dans le film ?" qu'à vraiment apprécier l'effort. Complètement farfelu, Fronteras peine ainsi à trouver son rythme et laisse le spectateur bouche bée, entre incompréhension et désespoir total.
Et comme si cela ne suffisait pas, le scénario s'avère plus prévisible que tout. A commencer par la première de "rencontre" entre Rafa et Ibra, alors qu'ils sont devant les urinoirs d'une boîte de nuit. Ni romantique ni sexuellement connotée, cette scène donne le ton du film. Puis il y a la romance-pas-romance avec Marta, une jeune fille adorable qui ne plait visiblement pas à Rafa. Poussé par ses amis, Rafa tente quelque chose avec elle, ce qui représente une perte de temps attendue pour le spectateur mais également pour l'histoire entre Rafa et Ibra.
N'oublions pas la discussion mouvementée au cours de laquelle Rafa explique qu'il ne traîne pas avec "ces putains d'Arabes" pour couvrir sa relation avec Ibra. Bien évidemment, Ibra entend cette partie de la conversation, donnant lieu à un moment de flottement, d'explications et de réconciliation entre les deux garçons. Enfin, dès lors qu'un ami d'Ibra est rapatrié de force au Maroc, il ne fait plus aucun doute pour personne que cette histoire d'amour ne connaîtra pas de happy end. Bref, rien de bien neuf sous le soleil espagnol !
Bien que le film de Mikel Rueda tente de d'apporter quelque chose de nouveau au genre du gay teen movie, le tout semble raté. Fronteras se veut sympathique et léger mais ne l'est pas. Parce que la condition d'immigré clandestin d'Ibra est au cœur de la dernière partie, Fronteras aurait mieux fait de se faire plus politique. Cela lui aurait permis de pallier la fausse légèreté de l'ensemble avec une tension dramatique certaine. Trop brouillon, Fronteras risque d'en agacer beaucoup car à côté, Quand on a 17 ans d'André Téchiné est un pur chef d'oeuvre !
wyzman
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