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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Cigognes et compagnie (Storks)
USA / 2016
12.10.2016
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LES TEMPS MODERNES
«Nous ne sommes pas une famille, nous sommes juste un gars et une fille qui essayons d’élever un bébé .»
C’est presque la bonne surprise de l’animation « mainstream » américaine. Cigognes & compagnie est efficace de bout en bout : action, dérision, « morale de l’histoire » adaptée aux temps modernes et prouesses techniques sont au rendez-vous.
Plus intéressant encore, il s’agit d’une critique insidieuse des conditions de travail contemporaines. C’est d’ailleurs assez ironique qu’Amazon soit un partenaire marketing du film tant l’entrepôt et la stratégie du factice CornerStore.com est une méchante parodie à peine masquée du géant de cybercommerce : production stakhanoviste, destruction des commerces traditionnels (ici la livraison de bébé remplacée par celle de smartphones), obsession des profits, hiérarchie verticale basée sur le harcèlement, … L’immense entrepôt tient par ailleurs en équilibre sur un pic vertigineux. Manière de signifier la fragilité économique de l’entreprise.
Evidemment, une jeune rebelle (la seule humaine parmi les cigognes, qui plus est rousse et frisée) et une cigogne ambitieuse mais intègre vont bousculer tout ça. Miss Catastrophe et ses « angry birds » vont même secouer tout ce petit univers installé. Les deux personnages sont ingénieux, rêveurs, imaginatifs, solitaires et solidaires. Ils forment un couple moderne, avec un bébé sur les bras (un incident a conduit à la réactivation de l’usine à progénitures). A cela s’invitent une meute de loups « homoparentale » (et assez déjantée), un paria, une famille humaine qui se ressoude en redécouvrant sa foi dans les cigognes, un pigeon fielleux et un boss légèrement too much dans ses excès.
Sacrée variation sur la famille (qui se confirmera avec l’épilogue « rouquin » et le générique qui effraiera les militants de La Manif pour Tous), Cigognes & compagnie cherche la voie entre un divertissement (très efficace, parfois franchement drôle à l’instar de cette bagarre en silence pour ne pas réveiller le bébé) et la définition de la famille (vous l’aurez compris : rien à voir avec une papa, une maman). Il y parvient malgré quelques facilités dans le scénario, le choix des rebondissements. Le récit peut paraître convenu et la narration déjà vue.
Il n’empêche : le délire va assez loin et les protagonistes sont tous attachants (et terriblement expressifs). Dans le genre comédie animalière anthropomorphique, ces cigognes se défendent bien.
vincy
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