Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Willy 1er


France / 2015

19.10.2016
 



INDEPENDENT MAN





 “À Caudebec, j’irai. Un appartement, j’en aurai un. Des copains, j’en aurai. Et j’vous emmerde !” 

En entrant à l'Ecole de la Cité de Luc Besson, Ludovic et Zoran Boukherma, Marielle Gauthier et Hugo P. Thomas voulaient faire des films qui leur parlent, qu'ils auraient envie de voir et pour lesquels le public se déplacerait volontiers. Pari réussi avec Willy 1er ! Leur premier long métrage donnerait envie à n'importe qui de refaire le monde.

Renaissance post-mortem

Après le suicide de son frère jumeau, Willy décide de tout plaquer. Déterminé à avoir son appart', son scooter et ses amis, il quitte le domicile familial et part vivre l'aventure de sa vie. Celle qui le mènera vers son indépendance ?

Au premier abord, Willy 1er a tout du film initiatique vu et revu. Mais il n'en est rien. Sans doute parce que son personnage principal, Willy, est on ne peut plus atypique. Imaginé à la suite d'un documentaire sur l'illettrisme diffusé sur France 2, le scénario de Willy 1er repose essentiellement sur le parcours particulier de Daniel Vannet, quinquagénaire qui tente de rattraper son retard. Dans la peau de Willy 1er, cet "acteur qui s'ignorait" comme l'appellent les quatre réalisateurs du film, crève l'écran.

Le personnage est tout, vraiment tout. Dans le déni quand il explique à ses parents qu'il n'ira pas habiter "chez les mongoles". Touchant quand il tente à tout prix de se faire des amis et passe au-dessus de leur très mauvaise éducation. Irritant lorsqu'il s'en prend à son collègue homosexuel également appelé Willy (et brillamment incarné par Romain Léger). Hilarant lorsqu'il tente de se la jouer gros dur sur un petit scooter. Et tellement authentique lorsque l'on comprend qu'il veut juste être considéré comme un adulte.

Et Willy n'est finalement pas seul au cours de son voyage… à Caudebec. Son collègue Willy (II) tente de son côté de faire le deuil de son amant et c'est de leur rencontre hasardeuse et légèrement chaotique au début que naissent les plus belles scènes du film. Maladroitement, les deux vont s'aider à aller de l'avant. De plus, il est impossible de ne pas évoquer Noémie Lvovsky qui, en amie et assistante sociale de Willy (Ier) est absolument géniale. Elle aide ce personnage que l'on pourrait percevoir comme un simple marginal à ne pas toucher le fond et devient l'élément pragmatique du film. Bref, on (l')adore.

Un sans-faute

Sur fond de quête d'émancipation, Willy 1er dispose d'un équilibre absolument ahurissant. En imposant les gros plans de Daniel Vannet au spectateur, le film le met face à sa propre hypocrisie. Loin des blockbusters auxquels on aurait pu s'attendre d'anciens étudiants issus de l'Ecole de la Cité, Willy 1er est la preuve que notre paysage cinématographique manque cruellement de films sur "les vrais gens" faits par des gens qui savent de quoi ils parlent.

Alors non, aucun des réalisateurs de Willy 1er n'a le profil de Daniel Vannet. Mais faut-il vraiment avoir 50 ans, un physique disgracieux ou être illettré pour comprendre ce qu'est l'envie d'indépendance, l'envie de ne rien devoir aux autres, l'importance de se savoir capable ? Certainement pas. A des degrés et des moments différents, le spectateur peut se retrouver en Willy. Et c'est sans doute là que l'on trouve la force de Willy 1er : cette capacité à rendre universelle l'histoire d'un homme unique en son genre !

Et comme si cela ne suffisait pas, le film est techniquement incroyable. Les tailles de plans sont bien choisies, les angles de caméra pertinents et la photographie remarquable. Mais bien évidemment, c'est de la bande originale de Willy 1er que l'on parlera pendant longtemps. Pop, kitch, futuriste et détonante, celle-ci est l'oeuvre de Hugo P. Thomas et Sofiane "Shakédon" Kadi et devrait ravir les fans de synthétiseurs.

Présenté aux festivals de cinéma américain de Deauville, du Film Culte de Trouville et du Film Francophone de Namur (entre autres) après avoir été soutenu par l'ACID, la hype de Willy 1er est grande et amplement méritée. S'il ne faut retenir qu'un seul film ces temps-ci, c'est celui-ci ! On vous aura prévenus.

Énorme mention spéciale au "passage Zaz".
 
wyzman

 
 
 
 

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