Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Mr Wolff (The Accountant)


USA / 2016

02.11.2016
 



BLOOD TIES





«- Ce type risque sa vie en truquant les comptes des affreux du monde.»

Mr. Wolff (The Accountant) essaie de faire revivre un style de cinéma : le justicier politiquement pas si correct. En soi, de ce côté là, le film ne mégote pas sur les codes du genre qui a fait les beaux jours du box office des années 1970/1980, notamment avec Clint Eastwood et Charles Bronson. D’ailleurs tout commence en 1979 dans un institut pour enfants autistes. L’ADN de Mr. Wolff est bien ancré dans cette période.

Après un prologue tout en tension, dont on ne saura réellement le déroulé que plus tard dans le film, le réalisateur Gavin O’Connor tente de complexifier un récit finalement très simple en usant de flash-backs, de mystères et de protagonistes se complaisant dans le double jeu. Hormis le personnage d’Anna Kendrick, tout le monde est ambivalent. Parfois, avec un certain abus, forçant le twist à de nombreuses occasions. Certains s’avèrent vain, notamment le principal rebondissement, vers la fin, autour de l’identité du traqueur/tueur, dont on devine en fait assez rapidement qui il est (par procédé d'élimination). Quant à l’intrigue (qui a commandité le détournement de fonds, qui ordonne les assassinats) on s’en fiche tout aussi rapidement tant l’enjeu devient dérisoire au fil d’une histoire qui entremêlent trois axes : l’enquête sur le comptable, l’enquête du comptable et une série de meurtres en parallèle.

L’intérêt de ce film est ailleurs. L’étrange Mr. Wolff lui-même : un comptable expert dans son job, autiste soumis à des routines monomaniaques, tueur/combattant formé par son militaire de père qui voulait en faire un mâle alpha. Robotisé, soldat à sa manière, dressé comme un pitbull, Mr. Wolff, aka Ben Affleck, aussi mono expressif que ce genre de film le demande et que ce genre de personnage l’impose, n’est pas un être banal. Il est difficilement crédible, proprement cinématographique, tant il mixe plusieurs archétypes du cinéma américain (le justicier solitaire, l’arnaqueur malin, le célibataire endurci, le col blanc invisible, le prodige ignoré…). Cet aspect dérangeant tient plutôt bien la route jusqu’au final déjà vu et digne d’un Western (prise d’assaut d’une Villa, seul contre tous). Il est un peu comme une eau qui se met à bouillir, avant que la cocotte-minute ne siffle de façon stridente la fin de la partie (avec des balles qui fusent de partout). Sous son vernis calme et asocial, le personnage d’Affleck est doté d’une agressivité primale assez fascinante. Un cousin de Jason Bourne.

Mais ne cherchez aucune moralité : l’évasion et l’optimisation fiscale, l’abus de biens sociaux, et autres blanchiments de fric n’est pas vraiment puni. Au contraire, il faut faire avec ce monde pourri. Comme toujours dans ce type de cinéma, c’est le crime sanglant qui est sanctionné par… une vengeance personnelle et hors-la-loi.
Le scénario, un peu confus à certains moments, cherchant à nous captiver en entremêlant, croisant passé et présent, enquêteur, coupable et faux coupable, s’essouffle un peu en croyant qu’un règlement de compte à balles réelles est toujours mieux qu’un solde de tout compte devant un tribunal. Le bilan est finalement assez classique. Ce qui aurait mérité d’être appuyé, détaillé, comme la complexité de la relation entre les deux frères, se résume à des dialogues un peu didactiques. Il manque une pointe de cynisme (hormis le monologue du méchant – peut-être pas si mauvais, "bienfaiteur" de l’humanité, interrompu par un tir à bout portant). Mais il y a au moins une chose qui est palpable : la noirceur et la douleur d’un gamin autiste qui cherche sa place dans une société, entre l’endoctrinement de son père, les méthodes de son médecin et l’expérience de la vie. On devine que son existence n’est pas drôle, plus doué au tir que capable de baiser. C’est d’ailleurs ce personnage et l’étrange atmosphère autour de lui, ce monde opaque et menteur, brutal et immoral, qui donne tout le charme à un thriller assez convenu.
 
vincy

 
 
 
 

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