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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Inferno
USA / 2016
09.11.2016
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L’ENFER VIA LE PURGATOIRE
«- J’espère que tu maîtrises encore Dante. »
Troisième épisode des aventures du Professeur Robert Langdon, Inferno ne méritait sans doute pas son échec commercial aux Etats-Unis. Pour une seule raison : Ron Howard a enfin insuffler un peu de nerfs dans la mis en scène et le film est, de loin, le plus « aboutit » de la trilogie.
N’exagérons quand même la qualité du « thriller crypto-apocalyptique » qui est enfermé dans un storytelling issu d’un best-seller abusant des rebondissements et de retournements de situation, tout en étant contraint de dérouler son enquête, qui prend du temps. Les énigmes historico-artistiques, le puzzle grandeur nature, la traque-poursuite et les monuments labyrinthiques obligent le scénario à certaines figures imposées alourdissant souvent le script, qui, en plus, essaye de donner un peu de relief aux personnages.
Inferno est assez invraisemblable, parfois même peu plausible et incohérent, voire étrange (mais pourquoi ont-ils tous les yeux rouges à un moment donné ?, mais comment font-ils pour faire les derniers 40 kilomètres avant d’arriver à Venise ?). C’était déjà le cas des deux précédents films (et c’est en fait le principe même des livres de Dan Brown). Au cinéma, en plus, il faut faire des raccourcis. De là à abuser des ambiguïtés des personnages et de les croire tous innocents quand ils sont coupables et vice-versa, le spectateur se retrouve plus manipuler qu’intriguer.
De Florence à Istanbul en passant par Venise, le jeu de piste cherche à éviter une apocalypse. Scénario à la James Bond, où les gadgets sont un tableau de Botticelli, L’enfer de Dante, et quelques monuments célèbres de la Renaissance. Le complot est machiavélique et la menace est planétaire.
Tout le monde se prend donc terriblement au sérieux. Mais, par rapport aux deux précédents opus – Da Vinci Code, ratage total, Anges & Démons, banal mais plus efficace et de loin le plus intéressant – Inferno s’avère plus trépident, plus énergique, sans gagner en originalité. Au moins, Howard, plus inspiré, a compris qu’il ne fallait pas juste illustrer des pages d’un roman et que le cinéma pouvait créer une atmosphère et donner une seconde lecture aux énigmes (notamment cette Via Dolorossa si bien nommée). Dommage qu’il concentre surtout ses efforts visuels (de belles hallucinations) dans le premier tiers du film, se contentant après de faire avancer l’histoire et dévoiler le jeu de chacun de ses protagonistes.
Cela reste une production américaine : on détruit allégrement le patrimoine européen, les manifs sociales sont toujours utiles pour semer les traqueurs, et tout le monde parle très bien anglais.
Inferno est donc assez tendu au début mais se ramollit sur la fin. La course contre-la-montre et des traîtres pas très bien interprétés diluent le récit vers un épilogue convenu et même un peu factice. Avec une histoire de démographie galopante, de virus génocidaire et de références à la peste noire, on aurait presque imaginé quelque chose de moins « classique ». Un véritable enfer qui nous tient en haleine plutôt qu’un paradis pour le Sherlock Holmes de la symbolique.
vincy
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