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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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L'Histoire de l'amour
France / 2016
09.11.2016
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LES FEUX (ETEINTS) DE L’AMOUR
«- Nouveau flingue ? J’aime. Ça te fait de grandes mains ».
Radu Mihaileanu ne s’est pas facilité la vie avec cette épopée romanesque. Entre les années 1930 en Pologne et les années 2000 à New York, on suit le malheureux destin de Léo, fou amoureux d’Alma, écrivain prometteur et à qui la vie va tout voler.
Pendant deux heures et quart, nous allons donc voyager entre l’Europe et les Etats-Unis, hier et aujourd’hui, la vie de Léo et celle d’une jeune adolescente de Brooklyn, elle aussi prénommée Alma. Et au final, L’histoire de l’amour s’avère long ; à force de nous balader, le film nous retire toute empathie pour les personnages et, pire, toute émotion.
Pourtant, il y a de sacrés caractères et la construction narrative qui fait écho à celle de The Hours aurait pu nous séduire. Derek Jacobi est parfait en vieillard aigri, bougon, solitaire. Son duo avec Elliott Gould fait mouche. Malheureusement les femmes sont moins bien servies et les actrices peinent à les incarner justement.
Les trois histoires se mélangent, inégalement. La mise en scène est classique, et le film délivre de belles images, en plus d’être illustré par une belle partition musicale. En revanche, peu de scènes marquent réellement l’esprit, hormis le premier plan séquence dans le village polonais. Avec trop de pathos, le scénario s’embourbe dans un drame pesant, où la vie est une boîte de chocolats amers voire acides, gavés de sirop et de guimauve.
Radu Mihaileanu aime les destinées compliquées et les itinéraires contrariés. Mais son film manque de souffle, et même d’amour, un comble : l’amour qu’on regrette, les sans amours, l’amour naissant, l’amour de Dieu, l’amour fantasmé, l’amour partagé. Trop d’amour tue l’amour. Après tout, dans une mauvaise réplique, on nous l’assène : "l’amour n’existe que dans les livres". Sacrilège quand on fait du cinéma : avec un tel titre, on s’attendait au minimum à flirter avec le sentiment amoureux. L’accumulation de clichés donne plutôt l’impression d’un bel exercice sur le sujet, qu’on regarderait avec un œil distant.
140 minutes où il ne se passe finalement pas grand chose. La fuite permanente des personnages ne donne même pas le rythme nécessaire. La quête de l’amour absolu n’a pas grand chose à voir avec le vrai sujet du film, un homme qui est passé à côté de sa vie. Et nous, on a la sensation que le cinéaste est passé à côté de son film. On cherche encore le sens qu’il a voulu lui donner. Et en quoi cette histoire de l’amour peut-être universelle.
vincy
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