Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Vaiana, la légende du bout du monde (Moana)


USA / 2016

30.11.2016 (16.11.2016 au Grand Rex)
 



SUR L’OCÉAN





«- La légende dit vrai. Quelqu’un devra partir.
- Mère, notre île est paradisiaque. Qui voudrait la quitter ?
»

Après Pocahontas, Mulan et Tiana, Disney nous offre la très jolie Vaiana (en français, Moana en anglais). Un conte légendaire polynésien où l’océan s’invite comme personnage principal, aux côtés d’une jeune princesse aventureuse, une grand mère folledingue, un père conservateur, un demi-dieu vaniteux, un crustacé géant bling bling et cruel, un poulet idiot (seul protagoniste qui rappelle un Disney), et des noix de coco pirates.

Vaiana est à la fois une fable écologique (l’exosystème est fortement menacé), une ode à l’audace (il faut prendre quelques risques dans la vie) et un dessin animé chatoyant et musical ("How Far I'll Go" – "Le bleu lumière" est un nouveau "Libéré, Délivré" en puissance). Le Roi Lion n’est pas loin. Luttant contre les ténèbres, loin de son île idyllique, l’élue Vaina affronte tempêtes, pirates, star égocentrique et solitude à travers un Océan aussi mystique que dans un Miyazaki. Le scénario, aussi classique soit-il, permet de ne pas se laisser aller à la fantaisie. Etonnement dramatique, tout en étant léger et enchanteur grâce aux chansons, le film s’offre même le luxe de n’avoir que quelques séquences d’action (peu effrayantes). Le périple est périlleux, l’humour assez banal, mais quelques bonnes idées parsemées (notamment ces tatouages animés sur la peau de Maui qui traduisent/trahissent son subconscient) et un sens du récit affuté en font un long métrage animé digne du studio, qui prouve que sa renaissance depuis quelques années n’est pas éphémère.

Des abysses mystérieux aux îles hostiles, des combats contre soi-même aux batailles épiques contre des ennemis pittoresques, Vaiana a tout d’un film spectaculaire. Cependant, ne négligeons pas de mentionner les évolutions et révolutions de Disney. Une princesse courageuse et rebelle, loin des héros mâles d’antan, dans la lignée de Rebelle, Raiponce et de La Reine des neiges, montre bien la nouvelle place de la femme dans l’imaginaire animé. La princesse n’attend plus son prince charmant. D’ailleurs, cette fois-ci, il n’y a aucun prince charmant. Les mâles ont plus d’une faille sous leur virilité tatouée et musclée apparente. Disney a également cessé de faire parler des accessoires, d’ajouter des multiples animaux de compagnie, et préfère l’usage de l’allégorie visuelle pour faire revivre une morte ou faire renaître une déesse.

Mais si Vaiana nous séduit davantage que les récents Disney "girly", même s’il est moins romantique, moins trépident ou moins classique, c’est sans doute aussi parce qu’il est très respectueux d’une culture qui lui est étrangère. Il lance un message inconscient qui explique sans le dire ce qu’est un peuple à travers son mode de vie et ses croyances. L’aventurière doit sauver son île. Mais en creux, Disney, pour une fois, tente de sauvegarder une culture qui aurait pu être caricaturalement folklorique.
Evidemment, cela reste un Disney, formaté pour être universel (vu par le plus grand nombre partout dans le monde). Mais au moins évite-t-on la leçon de morale occidentale ou un point de vue par trop impérialiste. Et il est très difficile, en plus, de résister au charme de cette vahiné farouche et malicieuse. De loin, Vaiana est l’héroïne la plus attachante que Disney ait créé depuis longtemps.
 
vincy

 
 
 
 

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