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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Alliés (Allied)
USA / 2016
23.11.2016
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PLAY IT AGAIN, MARIANNE
« - Tu penses vraiment à tout.
- C’est pour ça que je suis en vie. »
Casablanca 1942. Tout de suite, cela évoque un film avec Bogart et Bergman. Robert Zemeckis ne cache pas ses références avec Alliés. Un film nostalgique réalisé avec soin, une image léchée, un couple glam. Sur le papier, c’est presque excitant. Mais contrairement à un Spielberg, qui, avec ses différentes reconstitutions historiques, s’intéresse avant tout à la psychologie de ses personnages, Zemeckis opte plutôt pour la surface et les faits. Il n’hésite pas à filmer une multitude de séquences clichées (la première scène d’amour dans une voiture en pleine tempête de sable est un monument digne d’un livre Harlequin que n’aurait pas renié Joan Wilder, l’auteure de romances dans A la poursuite du diamant vert). Seul compte le récit et le tempo.
Alliés a tout d’un film très classique. Plus proche d’Une lueur dans la nuit de David Seltzer (1992) que d’un Hitchcock. Ici, la femme est forcément fatale. Suspecte et ambivalente. C’est hélas peu palpitant. Ce Mr & Mrs Smith vintage ne manque pas de séquences de bravoures bien mises en scène, même si elles sont relativement peu originales, mais elles sont assez rares dans un scénario qui ressemble davantage à celui d’un mélo dont la sauce a du mal à monter. Alliés peine à « allier » l’espionnage (l’aspect le plus réussit du film), l’action, le mélo et le suspens.
On pourrait se gausser du français de Brad Pitt risiblement charmant, s’étonner d’une Marion Cotillard qui ne fait pas trop d’effort pour nous faire douter de son honnêteté, ou encore s’amuser de personnages un peu trop stéréotypés (lui est forcément un as des as dans tout ce qu’il fait, elle s’adapte très bien en maman au foyer). On ajoute une sœur lesbienne qui n’a aucun souci à afficher sa sexualité dans un pays où l’homosexualité est pénalisée jusque dans les années 1960. Ou la scène de l’accouchement au milieu des bombardements d’avions nazis. Oui, on pourrait rire parfois dans ce film lourdement dramatique.
Faux-semblants
Car Alliés est quand même une histoire de trahison contrariant un amour fou. Identité trouble, agent double : les apparences sont peut-être trompeuses et le héros doit découvrir la vérité. Sa femme est-elle celle qu’elle prétend ? Comme on ne ressent absolument pas la passion entre Pitt et Cotillard, que l’alchimie ne prend pas vraiment, on s’en fiche un peu de savoir si Cotillard est dans le bon camp. Plus intéressant, Pitt est face à un dilemme : doit-il protéger son pays et trahir son épouse ou protéger son foyer et trahir son employeur ? Dans ce double-jeu et au milieu de ces faux semblants, entre mensonges et mystifications, la loyauté et la fidélité sont mises à rude épreuve. Zemeckis s’offre quatre grandes séquences pour essayer de réveiller le spectateur : la tuerie à l’Ambassade au Maroc, la grande fête dans la maison londonienne, l’excursion périlleuse à Dieppe et le final dont l’issue est fortement incertaine (mais très morale). Flirtant avec les romans de John Le Carré, la dernière partie est de loin la plus convaincante même si le réalisateur ne cherche pas à nous en faire ressentir le souffle coupé qui aurait du nous maintenir en apnée.
Car, dans l’ensemble, Alliés a plus l’allure d’un (bon) roman de gare. Avec une star, Pitt, qui n’en finit plus de décliner différents registres du bon soldat de la seconde guerre mondiale. Intègre et brutal dans Inglorious Basterds, déterminé et lucide dans Fury. Avec ce film, il reste tout aussi sérieux, héroïque et kamikaze. Mais l’enjeu du combat s’avère moins captivant. Car c’est tout le paradoxe de ce dernier Zemeckis : le film est censé être une grande histoire d’amour et ce sont les scènes où Pitt opère en solo qui restent les plus intéressantes.
vincy
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