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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Le voyage au Groenland
France / 2016
30.11.2016
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L'EFFET ARCTIQUE
"Il fait jour tout le temps, il n'y a même pas de volet...t'as aucun volet nulle part!
- C'est le jour sans fin, que veux-tu que je te dise!"
Deux potes paumés de la vie quittent Paris pour aller à Kullorsuaq, un village du Groenland: c'est parti pour une aventure humaine avec du rire et un peu de superflu en perspective.
Thomas et Thomas se décident enfin à partir chez les inuits rendre visite au papa du premier Thomas, expatrié de longue date. Le film démarre d'ailleurs dans l'hélicoptère qui doit les emmener dans ce petit village reculé et couvert d'un éternel manteau blanc. Entre les journées éternelles, la barrière de la langue et l'interdiction d'alcool, les deux compères ont du mal à s'y faire. Pourtant petit à petit les Thomas réussissent à trouver leurs marques et même à prendre du plaisir dans ce froid glacial.
Le film débute avec un duo à l'américaine type Superbad: deux loseurs parfois acteurs (quand ils arrivent à avoir une audition) qui tentent de s'adapter à un climat et à un pays littéralement opposé au leur. L'hostilité climatique ne change rien à leur humour et leur désinvolture.
Puis le film évolue (hélas) dans le pathos avec une communication difficile entre le père et son fils, des secrets de santé et de famille cachés et une partie de chasse au phoque à foutre un avc à Brigitte Bardot. Un méli-mélo émotionnel s'intègre dans l'intrigue initiale et nous perds au point d'avoir l'impression de regarder deux films: une comédie puis un drame. Ce changement d'atmosphère change notre réceptivité et on finit par trouver le temps long un peu comme les deux protagonistes au début du film.
Dommage! Ne peut-on pas faire une comédie simple et sans arrière pensée sérieuse de nos jours? La scène du malaise du paternel aurait-elle pu être ignorée? Cette baisse de régime entrave la bonne humeur du début, un peu comme un soufflé qui serait retombé. Attendant une comédie pure et dure, nous voilà en pleine routine dramatique. Puis la scène de l'actualisation pôle emploi avec une connexion internet médiocre arrive. Forcément, on en rigole! En particulier lorsqu'un des Thomas tentent d'expliquer ce qu'est l'actualisation sur Pôle Emploi....là on se souvient pourquoi nous sommes là!
Malgré quelques bémols (après tout rien est parfait) Le voyage au Groeland, bancal de bout en bout, reste une comédie sympathique et sans prise de tête qui respire l'aventure humaine. Nous restons ébahis devant des paysages magnifiques, nous rigolons franchement, par intermittence. Hélas, on trouve le temps long. Heureusement,l'ingénieux Sébastien Bertbeder sait nous tirer la petite larme nécessaire sur la fin... Finalement ce voyage c'est un peu comme passer une soirée fondue chez tonton à Annecy. On se sent bien, on se réchauffe le cœur, on s'amuse, et puis on apprend une mauvaise nouvelle, on a le mal de la maison. Il est regrettable que le scénario ne soit pas plus équilibré entre naturalisme, ethnologie et délire hilarant. Trop amer par certains moments, trop simple à d'autres, le fromage de la fondue a du mal à être coulant. On reconnait que dans le loufoque le cinéaste est toujours au top. Quand il s'agit d'explorer la mélancolie, il y a un air de déjà vu qui lasse. Trop naïf? Ou sommes nous trop cyniques? En tout cas, pour le coup, le cinéaste a eu un petit coup de mou. Cynthia
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