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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Sully
USA / 2016
30.11.2016
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FLIGHT PLAN
«- Ce n’est pas un crash. C’est un amerrissage forcé. »
Ce Sully de Clint Eastwood a quelque chose de clinique. Entre le trauma psychologique de son personnage et le décryptage technique du crash évité d’un Boeing au dessus de New York, le film ne s’embarrasse pas d’un quelconque lyrisme. Ce qui ne signifie pas qu’il est dépourvu d’émotions. Tom Hanks incarne avec subtilité et nuances ce pilote qui a sauvé tout un avion et ses passagers et qui se voit suspecté d’avoir pris trop de risques et de ne pas avoir ramené l’airbus à bon port. Plus que son honneur, c’est sa compétence qui est bafouée par une enquête, où la compagnie aérienne, le constructeur de l’avion et les agents fédéraux cherchent à sauver leurs finances et leur réputation.
Le film ne manque pas de tension non plus. Eastwood a le sens du tempo et nous fait vivre plusieurs variations de ce court vol, où, à peine après avoir décollé, le biréacteur a perdu ses deux moteurs alors qu’il survolait New York. Il y a la vision du cauchemar (ce qui aurait du, pu se passer), le vol tel qu’il s’est déroulé, les hypothèses des experts qui mettent en cause les décisions du pilote et enfin l’expertise finale avec les paramètres « humains ».
On peut toujours voir différentes grilles de lecture : Eastwood qui vante l’expérience, l’instinct et la compétence d’un pilote un peu usé, vieilli, fatigué, mais qui sait ce qu’il fait, contre l’avis des « professionnels ». Ou un vibrant hommage à un héros, typiquement américain, avec un courage tout à fait patriotique , à l’image du mâle blanc que le cinéaste a toujours aimé filmer.
Toutes les pistes possibles
Le scénario est concis, sans oublier le moindre détail. Il est avant tout un pamphlet contre le tout-technologie, montrant que la technique a aussi ses failles et que l’humain peut, en les détournant, et avec un peu de chance, être meilleur que les simulateurs et procédures robotisées. « Ce n’était pas un jeu vidéo. C’était une question de vie ou de mort. » Le cinéaste, en signant un film presque froid rappelle qu’ils ont frôlé le crash fatal, et qu’ils reviennent d’un enfer gelé. Mais il souligne aussi que la vie tient à peu de choses : trente secondes, une intuition, une opportunité. 208 secondes qui ont tout changé pour 155 personnes.
D’ailleurs, même si ce n’est pas le sujet central dans l’histoire, mais que le générique de fin rappelle à juste titre, Sully est un vibrant hommage aux services publics, des conducteurs de ferries aux plongeurs en passant par les secouristes.
Sully n’est ni un grand film ni un biopic héroïque classique. Entre deux eaux, il navigue entre une œuvre parfaitement maîtrisée et une histoire vraie reconstituée mais offrant un réel point de vue. Efficace et captivant, ce portrait d’un sauveur reste gravé dans les mémoires parce que le film est honnête, le sujet sincère, et qu’il n’a pas d’autre ambition que de révéler les failles humaines et de nous alerter sur l’emprise des technologies.
vincy
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