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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Go Home
France / 2015
07.12.2016
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HOME, BITTER HOME
"- Tata, je suis retournée à la maison...
- Il n'y a plus de maison!"
La merveilleuse Golshifteh Farahani et son look grunge/rock ouvre ce bal fantasmagorique orchestré avec brio dans un décor libanais d'après-guerre. Elle y incarne Nada, une libanaise qui revient dans son pays après de nombreuses années. Devenue étrangère dans ces lieux qui ont fait son enfance, Nada tente de comprendre la vérité sur la disparition de son grand-père tout en investissant sa maison où résident encore ses souvenirs.
Après un documentaire, deux moyens métrages et un court, Jihane Chouaib se lance dans son premier long avec Go Home. Une fresque sur le passé, la reconstruction après la guerre mais surtout sur le rêve. Le personnage de Nada est une femme forte ancrée dans ses idées même irréelles, qui se bat pour ce qu'elle croit et pour faire vivre cette innocence que la guerre a tenté de lui voler mais qu'elle garde avec force. Persuadée que le monde entier est contre elle, cette femme déterminée n'hésite pas à tenir tête aux hommes même s'ils ont prouvé par mille qu'elle a tort. Ainsi, son frère dont elle est extrêmement proche et revenu au pays afin de vendre cette bicoque abandonnée, en fait les frais. Nada ne quittera pas la maison familiale et déclare même une guerre à tous ceux qui souhaite se dresser sur son chemin.
Coincée dans le monde de l'enfance (enfance accentuée par les fantômes du passé qui hantent cette maison), Nada joue avec son frère Sam sur un lit (chatouille et petits coups de poing). Alors qu'ils s'arrêtent net, prenant sans doute conscience que les deux enfants qu'ils étaient sont morts depuis longtemps, Nada, elle, continue, essayant par tous les moyens de s'accrocher à ce qui a fait son monde, incapable de faire son deuil. Presque sexuelle, cette scène de complicité montre à la perfection la complexité entre ces deux personnages: l'un a grandi, l'autre pas.
Entre thriller fantomatique (accentué par des effets sonores enivrants) et drame familial, à la fois fantastique et terriblement intime, Go Home est une fresque poétique (surnaturelle parfois) étincelante sur la reconstitution de soi et l'acceptation. Porté par l'immense Golshifteh et un casting extrêmement talentueux, le film de Jihane Chouaib est une expérience sensorielle unique qui nous plonge dans un cocon semi-ouvert et nous fait vibrer jusqu'à l'os. Intense, hypnotique, cette aventure humaine et cette exploration des sens énigmatique produisent un ballet franco-libanais qui marque l'esprit et la peau. Il interroge sur les cicatrices qui taillent notre chair et sur les séquelles qui abiment nos pensées. Cynthia
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