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Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes. |
(c) Ecran Noir 96 - 24 |
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Premier contact (Arrival)
USA / 2016
07.12.2016
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GRAVITÉ
« - Alors, qu’est-ce qu’il se passe maintenant ?
- Ils arrivent.»
Denis Villeneuve touche à tous les genres, et reconnaissons-le, hormis le nébuleux Enemy, avec un certain talent : le drame métaphysique et initiatique (Un 32 août sur la terre, Maelström), la tragédie (Polytechnique, Incendies), le film noir (Prisoners) et le thriller (Sicario). Dans tous ces films, il aime flirter avec l’irréel, le dédoublement de l’identité ou l’ami/ennemi intérieur et la menace extérieure (tuerie, psychopathe, dealers, ou simplement accident). Et il ajoute un ingrédient qu’il affectionne particulièrement : la manipulation du temps. Premier contact, estampillé SF, ne fait pas exception. Tous les éléments du cinéma de Villeneuve y sont. Et une fois de plus, sa maîtrise de la mise en scène et sa connaissance des classiques produisent un film à la fois déjà vu et unique.
Avec lui, il ne faut jamais se fier à ce qu’on voit. Ainsi du prologue il ne faut retenir qu’une seul chose : notre mémoire est faillible et assujettie au temps qui passe, à ce temps qui a son propre agenda. Et le prologue, on le découvrira tardivement, ne pose que le thème du film, et non pas sa base dramatique. En agençant le passé, le présent et le futur dans un ordre désordonné, le cinéaste aurait pu se mélanger les pinceaux : le récit est d’une remarquable fluidité, même si on peu lui reprocher quelques ellipses un peu hollywoodiennes pour nous éviter un didacticiel sur le décryptage d’une langue inconnue. C’est d’ailleurs la faille visible du film : l’obligation d’avoir un peu d’action et de pyrotechnie ou la facilité et la rapidité à traduire un langage si complexe.
L'ombre de Spielberg
Cependant, si Premier contact nous emballe, c’est grâce à ce mix habile entre drame intime (une femme seule, dévouée à son métier) et science fiction humaniste. La référence ultime est évidemment Rencontre du troisième type (ici la musique est remplacée par un langage plus complexe). Le nombre de plans « spielbergiens », la construction même de la première demi heure (la révélation de la « menace » se fait progressivement jusqu’à la rencontre et donc la révélation des « aliens »), la dimension du dialogue entre extra-terrestres « bienveillants » ou pas et l’Homme scindé entre « belliqueux » et explorateurs curieux rappellent toute l’influence des films de Spielberg. On peut aussi voire un cousin à Contact de Robert Zemeckis, dont l’héroïne était aussi une femme cherchant sa voie par delà les ondes galactiques (une autre histoire du langage, mais là encore sonore). La distorsion du temps amène un perturbateur qui lui donne une singularité. Sans s’embrouiller dans des explications scientifiques incompréhensibles et une complexité physicienne (on pense à Interstellar), le réalisateur cherche avant tout à maintenir le suspens, une tension, avec trois fois rien (à la manière d’un Gravity, auquel il emprunte quelques composants).
Avoir foi en l'avenir
Amy Adams, quasiment de toutes les scènes, en linguiste/traductrice, est d’ailleurs aussi brillante que Sandra Bullock dans le film de Cuaron. Son expressivité malgré un personnage très introverti, presque mutique, souvent en retrait est impressionnante.
Villeneuve sait aussi bien diriger sa troupe d’acteurs qu’offrir des plans sublimes (l’arrivée dans cette plaine du Montana où le monolithe extra-terrestre est suspendu à la verticale, cerné par les nuages), de bonnes idées (l’inversion de la gravité) et des aliens d’un nouveau genre, poulpes « heptapodes » qui dialoguent avec des jets d’encre complexe où une pensée est résumée en cercles irréguliers).
Derrière tout ce barnum le cinéaste insère quand même quelques idées singulières pour un film hollywoodien : une ode à la coopération internationale, la primauté du savant sur celui du militaire, l’ethnologie supérieure à la peur.
Mais tout cela n’est qu’un prétexte : Premier contact est un film de SF en surface. Le fond de l’histoire n’est pas celui-là. On pourrait revoir le film comme un simple rêve prémonitoire. Un rêve avec d’étranges créatures. Connaître l’avenir n’empêche pas de construire, de vivre le présent. Denis Villeneuve démontre qu’il ne sert à rien de désespérer d’une fatalité (la mort) si on sait profiter de la vie (l’amour). Et c’est cette puissance de l’intime, de l’existentialisme qui nous embarque pleinement une fois le voyage achevé.
vincy
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