Avec Dark Waters, Todd Haynes s'invite dans le film engagé (côté écolo), le thriller légaliste et l'enquête d'un David contre Goliath. Le film est glaçant et dévoile une fois de plus les méfaits d'une industrialisation sans régulation et sans normes.



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Carole Matthieu


France / 2016

07.12.2016
 



LA LOI DU MARCHÉ





"- Tout le monde s'en fout!"

Après Discount, Louis-Julien Petit continue de filmer le monde du travail en souffrance, tout en dénonçant l’absurdité d’un système oppresseur. Carole Matthieu réussit bien à nous faire comprendre les conditions de travail d’une société de vente par correspondance. Si le film avait été un documentaire, une série de portraits et de témoignages sur le quotidien professionnel de ces nouveaux forçats, il aurait sonné juste. Comme cette séquence où les uns après les autres les employés racontent leurs douleurs, humiliations, malaises. Même fictionnalisée, elle fonctionne bien.

Mais voilà Carole Matthieu est une fiction, pleine de bonnes intentions bien évidemment, mais qui ne sait pas choisir son genre : thriller, drame social, film noir, drame psychologique. Le script erre à l’instar de son personnage principal (les personnages secondaires existent à peine et sont souvent stéréotypés). Cette errance entre raison et folie, sacrifice et obsession, n’apporte rien au sujet mais elle est censée créer une atmosphère cinématographique, une intrigue. Isabelle Adjani aime ce genre de personnages, qui s’égare, déboussolée par la cruauté du monde, jusqu’à se perdre. Certes, c’est Adjani. Mais ça ne suffit pas à remplir un plan creux. Spectrale, elle hante telle une bonne conscience les locaux de ce monstre capitaliste. Son visage lisse, sans âge, son jeu décalé par rapport aux événements, cette évanescence où elle se sait star plus qu’elle n’essaie d’être actrice, l’absence de récits parallèles qui auraient pu nous la rendre plus empathique ne contribuent pas à donner du relief à son personnage et donc au film.

C’est d’autant plus regrettable que ce film court désespérément long et peu palpitant s’amorçait avec un plan séquence magnifique. Le réalisateur voulait qu’on oublie Adjani et lui a offert un prologue où, amochée, tuméfiée, elle raconte la violence dont elle a été victime. Grande performance. Hélas, après cette introduction choc, le cinéaste n’a pas su faire autrement que de filmer Adjani, parfaitement maquillée, coiffée, rarement en blouse blanche, et peu crédible en médecin du travail. Elle reste Adjani, écrasant le film, sans qu’on se sente particulièrement ému de son sort. Un paradoxe pour un drame social qui avait tout pour nous remuer et réveiller nos consciences sur une tragédie contemporaine : le harcèlement, la maltraitance, l’abus de pouvoir dans l’entreprise qui, chaque année, conduit 300 à 400 employés au suicide.
 
vincy

 
 
 
 

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